La Cisjordanie est soumise à une terrible répression. Alors que l’opinion internationale est braquée sur Ghaza et la trêve ponctuée par l’échange entre otages et prisonniers, l’armée israélienne appuyée par les colons accentue sa pression sur Jénine, Bethléem et Jérusalem-Est loin des regards du monde. La ville et sa région ont été déclarées « zone militaire fermée », alors que les soldats israéliens assiégeaient les hôpitaux de cette cité historique. Investis très tôt le matin par d’importantes forces militaires accompagnées de bulldozers, la ville historique ainsi que le camp de réfugiés ont été pris d’assaut. Plusieurs quartiers ont été attaqués, avec le déploiement de tireurs d’élite sur les toits de nombreux immeubles. En quelques heures, un véritable état de siège a été imposé, alors que des affrontements d’une rare violence entre soldats israéliens et palestiniens prenaient une tournure de plus en plus dramatique. En milieu de journée, le ministère palestinien de la Santé a déclaré dans un communiqué que deux enfants âgés respectivement de 15 ans et de 8 ans ont été tués par les soldats israéliens, dans un contexte de répression depuis mardi dernier avant que la situation n’empire ces dernières heures. Selon les autorités palestiniennes de la ville, l’armée israélienne « a déclaré la ville de Jénine et son camp de réfugiés zone militaire fermée ». Alors que les tirs et les explosions se faisaient entendre, le rasage et la démolition des infrastructures donnaient à la ville un aspect désastreux. « Le rasage au bulldozer et le sabotage des rues et des infrastructures sont devenus monnaie courante chaque fois que l’armée prend d’assaut la ville et le camp », a souligné le maire de Jénine. Selon le Club des prisonniers palestiniens, l’armée israélienne a arrêté plus de 260 Palestiniens à travers l’ensemble de la Cisjordanie occupée, durant le cessez-le-feu temporaire parrainée par les États-Unis, les Émirats et l’Égypte. Alors que des détenus palestiniens sont libérés, dans le cadre de la trêve, l’armée israélienne continue à arrêter des dizaines de Palestiniens en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est. Au cours des quatre premiers jours de la trêve, qui a débuté vendredi, Israël a libéré 150 détenus palestiniens, dont 117 enfants et 33 femmes et en a arrêté au moins 260 à Jérusalem-Est en Cisjordanie au cours de la même période. Selon le Club des prisonniers palestiniens, plus de 3.200 Palestiniens ont été arrêtés en Cisjordanie depuis le 7 octobre, sans jugement ou inculpation. « Tant qu’il y aura une occupation, les arrestations ne cesseront pas. Les gens doivent le comprendre, car il s’agit d’une politique centrale de l’occupation contre les Palestiniens et pour limiter toute forme de résistance », a confié une source palestinienne à Al Jazeera. Depuis 56 ans, les forces israéliennes effectuent des raids nocturnes dans les maisons palestiniennes, arrêtant en moyenne quinze à vingt personnes les jours « calmes ». Selon la même source, la majorité des prisonniers libérés sont généralement de nouveau arrêtés par les forces israéliennes. « Il n’y a pas de garanties avec l’occupation. Ces personnes sont susceptibles d’être arrêtées à nouveau à tout moment. L’occupation réarrête toujours les personnes qui ont été libérées », a-t-elle expliqué, ajoutant que la plus grande preuve que ces personnes peuvent être arrêtées à nouveau est que la majorité des personnes détenues actuellement sont des prisonniers libérés. Selon la même source, la situation des détenus palestiniens s’est fortement détériorée, avec de nombreux témoignages de femmes et d’enfants libérés pendant la trêve, faisant état de mauvais traitements dans les prisons israéliennes. « Chaque semaine, ils venaient nous battre, et ils prenaient tous nos vêtements, nos couvertures et nos matelas », a témoigné un détenu libéré. Une des détenues palestiniennes libérées dans le cadre de l’accord entre la résistance palestinienne et Israël a affirmé que les prisonnières palestiniennes « souffraient de faim, de soif, de coups et d’humiliations dans les prisons israéliennes, surtout après le 7 octobre dernier ». « La majorité d’entre elles ont été menacées de viol », a-t-elle témoigné. Il est à noter que depuis le début des attaques sionistes, plus de 244 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie.
Mohamed Mebarki
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