La préservation, l’entretien et la valorisation des biens de la collectivité qui sont susceptibles de créer de la richesse et des emplois n’est plus le fort de la ville de Sétif, pourtant fief de bâtisseurs. Ainsi, la situation de plusieurs édifices publics fermés et livrés aux aléas du temps depuis des lustres n’offusque personne, en premier lieu les gestionnaires de ce patrimoine dont une grande partie date de l’ère coloniale. Occupant une place stratégique au cœur de la cité, l’hôtel de France est l’exemple type du laisser-aller. Bien des domaines de l’Etat, la structure pourrait générer de grandes recettes et être la source de plusieurs taxes pour la collectivité. Soulignons que l’espace commercial qui a accueilli des décennies durant des personnalités d’ici et d’ailleurs devrait renforcer les capacités d’accueil de la ville, une grande destination touristique du 1er janvier au 31 décembre. Délaissé par l’ancienne équipe dirigeante de l’Entente Sportive Sétifienne (ESS) qui excellait dans la parlotte et l’accumulation des dettes, l’hôtel est, nous dit-on, convoité par le groupe Sonelgaz, le repreneur de la locomotive du sport à Sétif. Aux dernières nouvelles, l’entreprise précitée voudrait prendre ce bijou pour zéro dinar, c’est-à-dire gratos, comme elle l’a fait pour l’ESS. Selon certaines indiscrétions, cette proposition n’a pas été acceptée par les nouveaux responsables de la wilaya, lesquels ne sont pas disposés à brader un patrimoine qui vaut de l’or. D’autant que des investisseurs et professionnels du tourisme locaux et nationaux sont disposés à mettre le paquet pour rénover et redorer le blason de l’hôtel de France, l’autre témoin oculaire des massacres de mai 1945, puisque Bouzid Saal, le premier martyr de cet épisode traumatique, est mort à deux ou trois mètres de l’endroit précité. La direction des Domaines et la wilaya de Sétif, où le dossier de l’investissement productif occupe lapôle position, va-t-elle se pencher sérieusement sur ce dossier et mettre un terme aux convoitises des uns et à la surenchère des autres ? Trônant dans un autre coin de la rue de Constantine (principale artère de l’agglomération), en face du siège de la Banque de l’Agriculture et du Développement Rural (BADR), l’ancien siège de la banque centrale qui a fait couler de l’encre et de la salive périclite, lui aussi, au grand dam des Sétifiens s’expliquant mal cet état de fait. « Les responsables concernés qui ont construit une nouvelle banque centrale ne ressemblant en rien à l’ancienne -un véritable joyau architectural- n’ont pas le droit d’abandonner une aussi belle structure. En passant sous silences de telles aberrations, on a l’impression qu’un tel problème est le dernier des soucis des locataires de l’hôtel de ville, censés mettre le nez dans pareilles circonstances. Même si les responsables ne vont pas faire l’effort pour changer les choses, on continuera à dénoncer ces problèmes portant préjudice à l’environnement et à l’économie de notre Sétif ne méritant pas un tel sort », fulminent de nombreux habitants du centre-ville qui se meurt. L’ancien siège des contributions attenant au parc d’attraction ne déroge pas à une règle désormais préétablie à Sétif où la fermeture et l’abandon d’anciens équipements situés pourtant dans plusieurs endroits du centre-ville ne dérangent personne. Implantés non loin de l’hôtel des finances, les sièges des magasins de la Sonacome et de l’ancienne SAP (Société Agricole de Prévoyance) tombent en ruines, sans que cela n’offusque outre mesure les propriétaires des lieux. Il en est de même pour la salle de judo du stade ChellalTayeb (ex-jardin des sports), ignorée par la commune. Cette dernière n’a toujours pas jugé utile de préserver le jardin devenu un lieu de débauche, des dealers et des consommateurs de drogues. N’ayant rien de palais des expositions, l’ancien souk El-Fellah de la cité Maabouda est, lui aussi, mis en « veilleuse ». Mis en quarantaine depuis plus de dix ans, le Collège de l’Enseignement Moyen (CEM) Mohamed Khemisti, placé sous la coupe de la municipalité depuis janvier 2023, attend patiemment les rapports du Centre Technique de Contrôle (CTC). Complètement rénovée après plus de douze ans de fermeture, l’école des frères Berchi n’a toujours pas ouvert ses portes, au grand dam des élèves et de leurs parents tenus à carreau. Nouvelle plaie du centre-ville balafré de partout, le marché couvert attend lui aussi une démolition ne pointant pas encore le bout du nez. Ce stand-by accentue les désagréments des commerçants. N’ayant pas trouvé l’espace idoine pour reprendre leur activité, certains d’entre eux baignent désormais dans une grande vulnérabilité. N’ayant rien d’exhaustif, ce tableau met le doigt sur une infime partie des biens publics « mis au frigo » alors qu’ils pourraient booster les recettes de la collectivité où le manque à gagner se chiffre en milliards de dinars.
Kamel Beniaiche
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