« Les relations algéro-françaises ne sont ni bonnes, ni mauvaises. Mais elles ne sont jamais ordinaires ». Cette citation du président Houari Boumediene trouve chaque jour son sens. Les jours passent et nous rappellent, à chaque fois, que les relations entre l’Algérie et la France sont réellement singulières. Avant-hier jeudi, l’Assemblée nationale française a débattu d’une motion présentée par le groupe Les Républicains (LR), en vue de dénoncer l’accord franco-algérien de 1968. Le texte a été rejeté. La veille, le président Emmanuel Macron s’était montré agacé devant ses ministres. « Je ne savais pas que les questions de la diplomatie se traitaient au parlement », avait-il dit, en référence à cette motion présentée par la droite. Selon des médias français, cet agacement du chef de l’État français a une origine : cela fait des semaines qu’il est en contact avec le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, pour faire redémarrer le chantier des relations bilatérales. Les deux chefs d’État se parlent régulièrement et veulent que le projet commun avance, et cela montre des signes positifs. On reparle déjà des chantiers en construction, des sujets en débat et on situe la visite d’État d’Abdelmadjid Tebboune vers le premier trimestre 2024. D’ores et déjà, les échanges avancent bien sur certains sujets, à l’image de l’émigration. Selon différentes sources, l’Algérie a accepté désormais d’accueillir plus de ressortissants installés illégalement en France et renvoyés dans leur pays. Cette histoire des Accords de 1968, les deux parties en discutent, attestent plusieurs sources. Ce que confirme la Première ministre française, Elisabeth Borne. « Dans les conclusions du quatrième Comité intergouvernemental de haut niveau France-Algérie, qui s’est tenu en octobre 2022, nous avions évoqué l’ouverture de discussions en vue d’un quatrième avenant à cet accord. Nous avons des demandes et le gouvernement algérien en a de son côté. C’est donc effectivement à l’ordre du jour », a-t-elle déclaré dans un entretien au Figaro, qui lui demandait s’il fallait renégocier ce traité que certains français considèrent comme avantageux aux Algériens. Même rejetée, cette proposition des Républicains a donné lieu à de vifs échanges, entre les députés LR et ceux de la gauche, moins hostiles à l’Algérie. « Il est impensable de voter un texte défendu par une descendante de l’OAS, et applaudi par les héritiers des tortionnaires de l’Algérie », a ainsi lancé à la tribune la députée écologiste, Sabrina Sebaihi, en visant les députés du Rassemblement National. « Vous rejouez à l’infini la guerre d’Algérie. Vous flattez le vent mauvais de la xénophobie et du racisme, en espérant en tirer on ne sait quel bénéfice électoral inavouable », a regretté de son côté le député de La France Insoumise (parti de gauche), Bastien Lachaud, qui s’adressait particulièrement à Michèle Tabarot, députée LR et fille d’un ancien de l’OAS. Même sans résultats précis, ces propos risquent d’agacer certains responsables, notamment en Algérie. Et c’est souvent à cause de cela que naissent les tensions entre les deux pays.
Akli Ouali
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