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La pépinière Tonga menacée  : Détresse d’un investisseur atypique à Sétif  

Il a frappé à toutes les portes, déposé des dossiers, pris attache avec des responsables n’ayant pas caché leur intérêt, mais la galère de Samir S., exploitant de la pépinière Tonga et amoureux de la terre, des plantes, des arbres, des espaces verts et de la nature, ne semble pas voir le bout du tunnel. Menacé d’expulsion de la parcelle de 2,5 hectares, qu’il exploite dans la commune de Mezloug, en location auprès d’un privé, son problème perdure depuis 2007, date de la création de son entreprise. Le problème du patron de Tonga, seule et unique pépinière agréée de la wilaya de Sétif, attend un dénouement qui tarde à pointer le bout de son nez, malgré les efforts et le soutien des responsables de la Direction des Services Agricoles (DSA), des Forêts de la wilaya, ainsi que ceux des Conservations. La peine au cœur, Samir voit les postes de travail créés et les années de labeur et de sacrifices menacés de se volatiliser. N’ayant pas choisi la facilité ou un projet « fast-food », notre interlocuteur a présenté des dossiers aux autorités compétentes, accompagnés de fiches techniques solides, en 2010, 2014 et 2020. Il a déposé cette année son dernier projet en date, pour bénéficier d’un nouveau terrain dans la même commune, qui a attiré l’attention et plu aux anciens responsables de la wilaya, à savoir le secrétaire général et le chef de l’exécutif. Soulignons que l’espace en question n’est pas une pépinière comme les autres. Tonga est à la fois un laboratoire et une unité de production d’arbres forestiers, fruitiers et d’ornement. Les rosiers, le gazon naturel et les plantes d’intérieur font partie du catalogue de Tonga, dont les produits sont scrupuleusement contrôlés par les services des forêts. En effet, la mise sur le marché de tout produit de ce genre est soumise à un contrôle rigoureux à la suite duquel un certificat phytosanitaire est délivré par la DSA. La disparition de Tonga, véritable champ d’expérimentation, sera une grande perte pour le secteur, l’environnement et la biodiversité : « Le merisier qu’on importait depuis de longues années de France, on le produit désormais à Sétif, depuis plus cinq ans. D’une manière ou d’une autre on a réduit la facture d’importation. Pour booster la production locale désormais de très bonne qualité, on vend les graines de merisier. Nous avons par ailleurs commencé à produire l’arbre Catalpa, importé par les Turcs et installé tout au long de l’itinéraire du tramway de Sétif. Pour les grandes commandes, notre pépinière dispose d’un Service Après-Vente (SAV, NDLR) garantissant un suivi rigoureux et continu. Le gazon naturel des jardins et des stades de football fait également partie de notre champ d’action. On le produit selon les normes internationales. Sachant que son irrigation est une science exacte. Celle-ci est réalisée par un logiciel de dernière génération. Produit fragile et sensible à la fois, la moindre faille dans son irrigation ne pardonne pas », souligne non sans fierté le patron de la pépinière, dont la capacité théorique annuelle est d’un million de plants. Faute d’espace, sa production oscille entre 200.000 et 600.000 unités : « Nous sommes inquiets, car on risque de perdre seize ans d’expérience. Nous craignons pour les postes de travail de nos ingénieurs et techniciens. Dire que nous avons participé à de nombreux programmes de plantation initiés par les pouvoirs publics mettant le paquet pour le développement de cette filière agricole… », nous confiera Samir, amer. Et d’ajouter que son travail est à même de participer à l’effort national, visant à augmenter le volume des exportations hors hydrocarbures de la région : « Sans langue de bois, notre filière est en mesure de prendre part au programme d’exportation hors hydrocarbures initié par le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Une véritable épée de Damoclès se trouve cependant sur nos têtes, car le propriétaire de la parcelle nous demande de quitter les lieux. Nous profitons de l’opportunité pour inviter le nouveau wali à nous rendre visite pour avoir une idée sur l’activité d’une pépinière agréée et le rôle qu’elle joue dans la réduction de la facture d’importation en matière de production végétale. Soutenu par la direction des services agricoles (DSA), des forêts de la wilaya et des conservations agricoles que nous ne remercions jamais assez, notre projet de création d’une pépinière sur une concession agricole à Mezloug même, n’a pas encore obtenu le feu vert. Nous attendons sur des charbons ardents », précise le pépiniériste, qui garde espoir malgré tout. Nous y reviendrons…

Kamel Beniaiche

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