La date du 16 décembre 1956 est une date importante dans l’histoire contemporaine de notre pays. C’est un tournant dans le combat libérateur. Elle avait brise le monopole médiatique de l’ordre colonial. L’action militaire nécessitait un support médiatique politique susceptible de faire retentir la voix du peuple Algérien. En grand stratège, le défunt grand moudjahid Si Abdelhafid Boussouf, chef de la wilaya V, avait eu l’idée de créer une radio Algérienne secrète. Celle-ci a joué un rôle important durant la glorieuse révolution du 1er Novembre 1954. La radio qui a été la voix de l’Algérie combattante a ébranlé l’armée française. Elle a constitué une arme redoutable dont l’écho se faisait entendre à l’étranger. Lancée le 16 décembre 1956 avec un matériel rudimentaire, la radio secrète commence à diffuser en catimini dans un petit camion. La noble et délicate mission a été confiée à un groupe de jeunes intellectuels parmi les grévistes qui avaient participé aux manifestations du19 mai 1956, où lycéens et étudiants avaient décidé de mettre entre parenthèses leurs études et rejoindre les rangs de l’Armée de Libération Nationale (ALN). Dans un premier temps, la diffusion en direct ne dépassait pas les deux heures par jour. Ses programmes étaient émis en langues arabe, amazighe et française. Son créneau passe par la suite à 3 plages horaires/jour. Itinérante, la voix de l’Algérie libre et combattante (Saout El-Djazair El-horra El-Mokafiha) se déplaçait à travers les frontières marocaines, pour éviter les moyens de surveillance français. Avec peu de moyens (le camion contenant un microphone, un enregistreur, un lecteur de disques et un générateur, le plus important média de la Révolution semait le doute et confusion dans les rangs de l’ennemi aux aguets. L’activité de la radio secrète ne passe pas inaperçue, ébranle et casse la propagande colonialiste. L’armée française remue alors ciel et terre pour saborder l’important acquis de la Révolution Algérienne. Dans une première phase, elle essaye de brouiller la diffusion de la Radio secrète, en vain. Elle actionne par la suite son réseau de harkis pour l’aider à localiser la voix de l’Algérie combattante et la bombarder. Décidée à en finir avec cette arme fatale, la France, la terre des ‘’lumières’’ et le chantre des ‘’droits de l’homme’’ met le paquet et les bouchées doubles. La réussite de la radio conforte la démarche des dirigeants de la Révolution. La radio secrète suspend ses programmes, en Septembre1957. Avant de reprendre la diffusion le 12 juillet 1959 à la faveur de nouveaux matériels et d’un nouveau site lui permettant d’atteindre ses auditeurs de la capitale Égyptienne, le Caire. Selon de nombreux historiens des deux rives de la méditerranée et de plusieurs journalistes Algériens la radio secrète, a, en dépit des conditions difficiles, joué un rôle important dans l’agitation des sentiments et la mobilisation des masses populaires. Elle a démonté les mensonges de la France et pointé ses crimes. Elle a boosté le moral des combattants de l’ALN et a su mobiliser les Algériens autour de leur cause. La radio secrète a fait entendre la voix du peuple algérien auprès de l’opinion publique internationale en général et de l’opinion arabe en particulier. Elle a été en outre l’autre porte-parole du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA). En débutant ces émissions par la célèbre expression, « La radio El-Djazair El-Horra El-Mokafiha, la voix du Front et de l’Armée de Libération Nationale vous parle depuis le centre même de l’Algérie, l’ordre colonial, n’admettant pas sa cuisante défaite, se met dans tous ses états. Après des combats rudes, la guerre des ondes a été en fin de compte remportée par nos valeureux journalistes et techniciens de l’Algérie Combattante. Soulignons que le combat des rédacteurs et techniciens de la Radio secrète ne s’est pas arrêté en 1962. Sachant que les voix de l’Algérie combattante ont été de grands maitres pour plusieurs générations de la presse nationale d’aujourd’hui. Nos icones sont devenues des écoles, des centres de formation. Ils sont les géniteurs des grands rédacteurs, reporters et techniciens de la presse nationale (Touts segments confondus). Célébrant aujourd’hui le 67 ème anniversaire du lancement de la radio secrète, l’Algérie-reconnaissante garde en mémoire les sacrifices de ses enfants, en particulier les journalistes, lesquels ont, à travers leur plume et voix, porté des coups fatals à plus de 132 ans de colonisation. Pour illustrer la reconnaissance de la Nation, il est important de reprendre la célèbre déclaration du défunt Président Houari Boumediene : « Si la moitié de l’indépendance de l’Algérie est l’œuvre des valeureux combattants de l’Armée de Libération Nationale (ALN), l’autre moitié revient à Aissa Messaoudi »…
Kamel Beniaiche
Partager :