En plus des réserves importantes et d’énormes capacités de production et d’exportation de gaz et de pétrole, l’Algérie compte mettre tout en œuvre pour devenir un opérateur stratégique dans le domaine du phosphate et des engrais. Cette ambition non seulement légitime mais conforme aux ressources et aux moyens dont dispose le pays a été mise en exergue jeudi par le président de la République. Dans des déclarations faites en marge de l’inauguration de la 31ème édition de la foire de la production nationale qu’abrite le Palais des expositions à Alger jusqu’au 23 décembre, Abdelmadjid Tebboune a longuement évoqué l’importance de ces ressources ayant acquis le statut de produits stratégiques à travers le monde. Tout en fustigeant certains pays, qui n’ont pas hésité à utiliser cette richesse comme une arme politique, le chef de l’Etat a saisi le temps de sa halte au niveau du stand de Fertial, fleuron national de l’industrie chimique et premier producteur de fertilisants pour signaler à l’intention des opérateurs et la presse « l’importance de ce secteur et la nouvelle stratégie de l’Algérie pour le développer ». Le Maroc s’est toujours targué de détenir d’importantes réserves, mais en y incluant celles du Sahara occidental occupé qu’il exploite illégalement. Selon des ONG qui appellent à mettre fin à ce pillage, 1,4 million de tonnes de phosphate ont été extraites illégalement dans les territoires occupés en 2021. Pour revenir à l’ambition de l’Algérie, il y’a lieu de préciser que l’exploitation du gisement de phosphate de Tébessa, qui est considéré comme un grand projet structurant que l’Algérie a été lancé ces dernières années. L’exploitation de ce gisement permettra la production de 6 millions de tonnes de produits phosphatés par an. Le projet a été lancé en 2020 avec des partenaires chinois pour un investissement de 6 milliards de dollars. Grâce à Fertial, l’Algérie arrive à couvrir presque tous ses besoins en engrais. Selon les explications fournies au président de la République, la couverture des besoins de l’agriculture algérienne s’élève à 100 % pour les engrais phosphatés et azotés et 70 % pour les engrais composés. Il est à rappeler que l’Algérie a de plus grandes ambitions. En plus de répondre aux besoins supplémentaires de l’agriculture algérienne qui se développe d’année en année, il s’agit de produire aussi pour l’exportation, notamment vers le marché africain. Afin d’atteindre cet objectif, l’Algérie compte sur la concrétisation du projet en partenariat impliquant les groupes algériens Asmidal et Manadjim El Djazair d’une part, et les sociétés chinoises » Wuhuan » et « Tian’an » d’autre part, avec un investissement très important allant jusqu’à 7 milliards de dollars ; un projet qui s’étalera sur 4 wilayas de l’est du pays. En comptant les infrastructures connexes nécessaires, 5 à 6 milliards de dollars sont à mobiliser. Des investissements qui coûtent cher, mais dont l’importance est stratégique. Abdelmadjid Tebboune a par ailleurs rappelé que l’Algérie n’a pas d’autre choix que de développer cette filière devenue hautement stratégique. « Les engrais sont en train de devenir un des produits les plus stratégiques au monde, plus que le gaz et le pétrole », a-t-il indiqué, avant de souligner que « celui qui détient les engrais détient pratiquement un pouvoir de décision énorme ». « Si les prix des produits agricoles sont assez élevés, c’est en partie à cause des prix des engrais qui se sont envolés », a fait savoir Abdelmadjid Tebboune. « Il faut arrêter toute exportation du brut », a-t-il réitéré. « Dès qu’on aura terminé avec le projet de phosphate d’Annaba, il faut penser à une très forte intégration. Il faut aller vers les produits dérivés », a-t-il expliqué aux responsables du secteur. L’objectif signalé : « couvrir les besoins d’une bonne partie de notre continent ». « Nous avons l’obligation d’aider l’Afrique », a insisté le président de la République, dénonçant ceux « qui sont en train de faire de la politique avec les engrais ».
Mohamed M
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