L’institution d’une allocation chômage destinée aux primo-demandeurs d’emploi est considérée comme une des mesures phares à mettre à l’actif d’Abdelmadjid Tebboune. Un engagement audacieux, que le président de la République a pris dans une conjoncture pleine de défis de tous ordres, ce que certains observateurs de la scène politique algérienne ont tendance à ne pas prendre en considération, faudrait-il le signaler. Parmi ces derniers, il y a ceux qui mettaient en doute les capacités de l’État à supporter une telle dépense, en insinuant qu’il s’agirait d’une mesure démagogique et d’un dispositif difficile à soutenir à moyen terme. On prédisait même, non sans arrière-pensées, que l’Algérie va éprouver de grandes difficultés pour la maintenir. Rares étaient les analystes, qui inscrivaient l’allocation chômage dans un plan d’action plus global en faveur de la création de l’emploi, en prévoyant parallèlement une relance de l’investissement pour qu’elle ne devienne pas une charge lourde au fil des années. Le président de la République a évoqué à de nombreuses occasions la nécessité d’un décollage économique au sens propre du terme comme l’unique solution pour libérer définitivement le pays d’une dépendance à haut risque aux revenus engendrés par l’exportation des hydrocarbures. Étant une alternative temporaire permettant aux primo-demandeurs d’emploi de résister à l’épreuve du chômage, plus ou moins incontournable même dans les pays hyperindustrialisés, l’allocation a pour vocation d’être temporaire. Ils sont aujourd’hui plus de deux millions à en bénéficier, selon les chiffres révélés par le ministre du Travail, à tirer profit de ce dispositif, qui n’est en fin de compte qu’une « passerelle entre l’étape du chômage et l’étape de titularisation, en passant par l’étape de formation ». Pourquoi du temps où la « Issaba » gouvernait l’Algérie une telle mesure n’a pas été prise ? Pourtant, entre 2000 et 2014, des centaines de milliards de dollars avaient été engrangés sans que cette aisance financière profite aux jeunes Algériens. Selon des spécialistes dans l’étude du phénomène de la corruption, quelque 69 milliards de dollars ont été « bouffés » par des commissions lors des différents marchés ! L’affairisme était pratiqué à une très grande échelle. Des voix s’étaient élevées durant cette période, pour appeler à l’instauration d’une allocation chômage au moins au profit des diplômés universitaires. Mais ces voix sont restées inaudibles, dans un environnement marqué par une dérive politique et financière sans pareil. Si aujourd’hui Abdelmadjid Tebboune a facilité la concrétisation d’une telle demande, qui date de plusieurs décennies, tout le mérite lui revient. Il n’y a rien à redire ! Aujourd’hui, c’est au gouvernement de tout mettre en œuvre pour consolider et pérenniser l’allocation chômage dans un véritable plan de relance économique, créatrice de richesses. C’est aux différents secteurs productifs de faire en sorte pour que la mesure ne se transforme pas en fardeau pour l’État. L’allocation chômage sera dans ce cas une sorte de prime de solidarité, dans un pays où décrocher un emploi sera une simple formalité de court terme.
Mohamed Mebarki
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