L’Algérie est-elle en mesure de sortir définitivement de la dépendance aux hydrocarbures ? Cette question, qui a presque l’âge de l’indépendance, a accompagné les Algériens durant des décennies. Des stratégies et des doctrines économiques ont été mises en œuvre pour y apporter des réponses concrètes, mais des conjonctures politiques internes, liées à des facteurs exogènes ont contrarié toutes les tentatives. Ni l’industrie industrialisante, ni l’ouverture économique, instaurée du temps de Chadli Bendjedid, encore moins la libéralisation tous azimuts encouragée par le clan Bouteflika, n’ont permis à l’Algérie d’entrevoir une issue favorable. Bon an mal an, les recettes engendrées par l’exportation du gaz et du pétrole oscillaient entre 96 et 98%. Le sommet de la gabegie a été atteint durant la période située entre 2008 et 2014, où des dizaines de milliards de dollars ont été détournés « en bonne et due forme », au détriment d’un pays de plus en plus enchaîné au prix du baril. Même Sonatrach, principale source des devises, n’a pas été épargnée par les scandales financiers ! Les choses n’ont commencé à évoluer qu’après la période de la pandémie de la Covid-19, qui a obligé l’Algérie, à l’instar des autres pays, à tirer les conclusions à partir d’une crise sanitaire planétaire ayant presque paralysé l’économie mondiale. Libéré de certaines contraintes objectives, en rapport avec la récupération des attributs d’un État livré pendant deux décennies aux prébendiers de toutes espèces, Abdelmadjid Tebboune n’a pas tardé à exposer sa stratégie basée sur un principe cardinal : la diversification de l’économie algérienne, en inaugurant une nouvelle phase, aussi bien pour les opérateurs industriels publics que pour les potentiels investisseurs privés. À l’intention de ces derniers, il a envoyé un message clair, il y a une semaine : « Vous êtes sous la protection de l’État », les a-t-il rassurés. En un mot, il leur a expliqué que l’époque des oligarques est bel et bien révolue et que les règles du « jeu » sont désormais en conformité avec la logique économique. Une loi inédite encadrant l’investissement, un accès plus fluide au foncier, de grandes possibilités offertes aux investisseurs étrangers pour transférer leurs bénéfices plus facilement, des avantages fiscaux accordés à ceux réalisant leurs projets dans les zones reculées, notamment dans le Sud. En un mot, il y a de la transparence dans l’air. En peu de temps, les exportations hors-hydrocarbures ont grimpé de 2 milliards de dollars en 2020 à plus de 6 milliards. Et il est prévu qu’elles atteignent les 13 milliards de dollars à court terme. En janvier dernier et conformément aux prévisions du gouvernement, affichées par le Premier ministre à l’ouverture du Forum de l’export, organisé par le Conseil du renouveau économique algérien (CREA), Ahmed Zeghdar, alors ministre de l’Industrie, a indiqué que l’année 2023 devrait permettre à l’Algérie d’augmenter ses exportations hors hydrocarbures à hauteur de dix milliards de dollars. Une performance exceptionnelle, si elle vient à être réalisée, dans la mesure où le pays n’a jamais atteint ce niveau depuis l’indépendance, en dépit de toutes les mesures entreprises par les gouvernements successifs. « En conjuguant les efforts, nous pourrons augmenter le volume de nos exportations hors hydrocarbures à 10 milliards de dollars fin 2023 », avait déclaré Aïmene Benabderrahmane. D’après les indicateurs disponibles, l’Algérie n’est pas loin de réaliser cet objectif, voire de le dépasser, si les conditions le permettent.
Mohamed M.
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