Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a sans aucun doute réussi son examen de passage devant les deux chambres du Parlement, réunies pour la première fois depuis… 1977. Pendant trois heures environ, les sénateurs et les députés ont écouté quasi religieusement le discours du président Tebboune, qui faisait le bilan de ses quatre années à la tête du pays. Et au bout, force est de constater qu’il a été fortement acclamé et ovationné, après avoir passé en revue les réalisations et les acquis durant son mandat finissant, malgré un contexte politique, économique et sanitaire pour le moins que l’on puisse dire, exécrable. Ce fut donc un président confiant et sincère qui s’était présenté avant-hier lundi devant les membres des deux chambres du Parlement, pour un exercice absolument inédit depuis le fameux discours de feu Houari Boumediene dans cette même enceinte du Palais des nations il y a près d’un demi-siècle. Tebboune n’a d’ailleurs pas manqué de souligner cette symbolique, et de saluer avec fierté de pouvoir discourir devant un parlement véritablement élu par le peuple, loin de la pratique éhontée de la « chkara ». Il a opportunément fait le procès de la « Issaba », coupable d’avoir failli faire voler en éclat le pays en détournant sans vergogne ses ressources. Une (non) gestion qui a privé plus de six millions d’algériens, a-t-il précisé, de vivre dignement depuis des décennies. Tebboune a également révélé que Bouteflika et sa clique ont détourné plus de 5.000 milliards de dinars en crédits bancaires dont 10% seulement avaient été remboursés et le reste planqué dans des banques à l’étranger. Il soulignera par ailleurs les tentatives insidieuses des résidus de la « Issaba » de saborder le processus de sauvetage du pays, à travers les fumeuses pénuries, organisées sur les liquidités dans les bureaux de poste et sur les denrées alimentaires. Le chef de l’État a ainsi expliqué à quel point ce fut difficile pour lui de concrétiser ses 54 engagements, alors qu’il était soumis à un feu nourri. Pour autant, il s’est fait fort d’affirmer qu’il a pu redresser les finances du pays en mettant fin aux «importations sauvages», et promu la justice sociale à travers un train de mesures, notamment la révision de l’Impôt sur le Revenu Global (IRG), la revalorisation des salaires et l’institution de l’allocation chômage pour «préserver la dignité des jeunes ». « Je veux œuvrer pour que chaque citoyen algérien jouisse pleinement de ses droits de Timiaouine à Hydra !», a-t-il lancé, devant une assistance visiblement acquise à sa cause. Précisément, le président Tebboune a été solennellement invité à briguer un deuxième mandat par une députée qui a reçu le renfort de la salle, sous forme d’une salve d’applaudissements. « Rabbi ijib lkhir nchallah… » Répliqua le président, visiblement gêné. Et de glisser devant une salle qui lui faisait un triomphe : « Merci pour cette marque de confiance mais au final, et à travers vous, nous laissons la parole au peuple ». Sans doute que cette formule du président Tebboune marque la fin d’un mandat et le début d’un autre…dans une année.
Par Imane B.
Partager :