L’histoire remonte au milieu des années 1970. L’hebdomadaire El Hadef, première publication en langue française dédiée au sport en Algérie, dont le siège était à Constantine, venait d’entamer sa cinquième ou sixième année d’existence. Interrogé sur la situation et le niveau de presse écrite en Algérie, un journaliste étranger n’avait pas hésité à classer El Hadef comme un journal de référence, tant par son contenu que par sa ligne éditoriale engagée ! Apparemment, cette époque est révolue, et bien révolue. La conférence de presse tenue avant-hier dimanche par Djamel Belmadi a donné un aperçu sur la décadence des médias supposés spécialisés dans l’actualité sportive, d’une manière générale, et en particulier dans celle du football. En effet, le sélectionneur national a dû se retenir pour ne pas quitter la salle, alors qu’un journaliste venait de lui poser une question pour le moins inattendue. S’étant préparé pour répondre à des questions en rapport exclusif avec l’Équipe Nationale (EN) et la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), dont la phase finale est prévue en Côte d’Ivoire dans moins de deux semaines, Djamel Belmadi a été invité d’une manière importune à donner son avis sur le derby algérois USMA-MCA et sur l’ambiance au stade du 5 juillet ! Visiblement très contrarié, désagréablement surpris et très certainement confirmé dans son appréciation peu élogieuse de cette nouvelle catégorie de journalistes sportifs, il a dû certainement fournir de gros efforts pour éviter de recadrer le journaliste. Il a fait preuve d’un grand sang-froid et est parvenu à garder son calme. Mais ce n’est pas tout ! Il avait également été sollicité pour évoquer son avenir à la tête de l’équipe nationale. Là aussi, il s’est beaucoup appliqué à demeurer calme, en se contentant de répondre qu’il n’y pense pas pour le moment, car il est en pleine concentration sur la CAN-2023. « C’est une question un peu déplacée. Même la date FIFA du mois de mars, je ne l’ai pas analysé. Je suis plutôt concentré sur la CAN-2023. Ce qui arrivera après, je ne sais pas. On va disputer le tournoi continental, après, je ne sais pas ce que le destin me réserve », a-t-il répondu. « J’ai vu comment la presse algérienne s’est offusquée quand on s’est senti lésés lors des CAF Awards-2023. Vous vous êtes entendus entre vous et vous avez crié au feu. Moi ça fait cinq ans que je parlais, mais j’étais tout seul. Personne ne m’a soutenu. Je n’ai jamais rencontré personne venue dire ici ce qui est dit sur un plateau. Pour moi, et je le dis en sachant que ça va faire la une demain : s’offusquer de ce qui s’est passé pendant les CAF Awards, c’est de l’hypocrisie et c’est de la schizophrénie », a-t-il asséné en direction d’une certaine catégorie de journalistes. Il est à rappeler que le jury des CAF Awards 2023, dont la cérémonie a eu lieu le 11 décembre dernier à Marrakech au Maroc, a écarté plusieurs compétiteurs algériens de différents trophées. À propos de la CAN et des chances de l’Algérie dans cette compétition, le sélectionneur national a tenu à refroidir les ardeurs des uns et les élans des autres. « Personne ne peut avoir de certitudes sur le futur vainqueur. Nous ne nous sommes pas qualifiés au Mondial, nous sommes sortis au 1er tour de la dernière CAN et vous me l’avez assez répété, donc, de facto, nous ne sommes pas favoris », a-t-il répondu. « Les favoris de la CAN sont souvent les mêmes, on les connaît : Égypte, Sénégal, Maroc, Tunisie, Nigéria, Côte d’Ivoire, qui est pour moi un gros favori, qui joue à domicile », a-t-il ajouté. « On va arriver tranquillement dans ce tournoi, mais avec beaucoup d’ambitions. On travaille pour ça depuis un moment. L’objectif ne changera jamais : aller au plus loin, aller vaincre », a-t-il indiqué, avant d’admettre que « le premier match de la CAN est toujours difficile ». « Il faudra être prêts et nous le serons. Il faudra le démontrer le 15 janvier prochain, face à l’Angola », a-t-il insisté.
Mohamed Mebarki
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