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La date pas encore fixée : Tebboune en France en 2024

Le chef de l’État se rendra bel et bien en France durant l’année qui commence, pour une visite dont la date n’est toujours pas connue. C’est ce que confirme la présidence de la République, dans un court communiqué diffusé après un échange téléphonique entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. Initiative du président algérien, cet appel téléphonique était également une occasion pour les deux chefs d’État d’échanger leurs vœux, à l’occasion « de l’avènement du Nouvel An », ajoute le communiqué, qui relève également que les deux hommes ont également abordé « les relations bilatérales ». Cette confirmation de la visite présidentielle en France intervient trois jours seulement après la diffusion d’une déclaration du ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, qui avait déclaré que des blocages sur « cinq dossiers lourds » faisaient que cette visite ne pouvait pas avoir lieu dans l’immédiat. « En toute sincérité, les conditions de cette visite ne sont pas idoines », avait indiqué le ministre à la chaîne Al Jazeera. Il a expliqué cela par le fait que « nous ne sommes pas parvenus à des accords sur cinq grands et lourds dossiers, mais que nous continuons à travailler dessus », avait-il ajouté, signe que cette visite aura bel et bien lieu. Reportée à plusieurs reprises, le déplacement de Tebboune en France est pourtant censé constituer l’apothéose d’une relation franco-algérienne souvent tumultueuse et qui connaît des évolutions en dents de scie. Rien que durant l’année écoulée, les deux pays se sont fâchés au moins une fois, à l’occasion de la fuite de l’activiste franco-algérienne, Amira Bouraoui, en février dernier, avant de se retrouver après un échange téléphonique entre les deux présidents. Depuis, les autorités françaises ont fait en sorte de ne pas heurter leurs homologues algériennes, y compris lorsque la question de la révision des Accords de mai 1968 avait été posée par la droite et l’extrême droite française. « Je n’avais pas compris que la politique étrangère de la France était définie au Parlement », avait notamment réagi Macron, agacé par la position de certains députés de sa majorité, qui ont appuyé les initiatives visant à dénoncer cet accord franco-algérien, qui accorde certains avantages aux ressortissants algériens. Dans les faits cependant, les discussions entre les hauts fonctionnaires algériens et français butent toujours sur cinq grands dossiers. Il s’agit essentiellement de ceux liés à la mémoire. À commencer par la restitution de certains objets symboliques, à l’image de l’épée et du burnous de l’Émir Abdelkader, qui a nécessité la modification de la loi française sur le patrimoine. C’est aussi le cas des ossements et crânes de résistants algériens qui peuvent désormais être remis à l’Algérie, après la signature d’une loi, le 26 décembre dernier, donnant la possibilité au chef de l’État de contourner le parlement. C’est aussi le cas des essais nucléaires français dans le Sahara. L’Algérie demande une reconnaissance des crimes, des indemnisations des victimes, une décontamination des sites irradiés et la remise des cartes des essais. Difficile aussi est le dossier de la circulation des personnes, qui sera à traiter avec beaucoup de prudence des deux côtés. En revanche, les sujets économiques, à l’image de l’implantation de certaines entreprises françaises en Algérie et la permission donnée à celles-ci de transférer leurs dividendes ou de récupérer leurs créances détenues sur l’État algérien notamment, vont être réglés sans grandes difficultés, même si certaines de ces entités se plaignent de lenteurs administratives. Certains projets industriels et d’autres investissements vont également être débloqués. C’est le cas notamment de l’usine de montage automobile de Renault et le retour de Peugeot sur le territoire national. Il reste désormais à fixer la date de cette visite, qui comportera surtout des étapes symboliques, à l’image du « pèlerinage » qu’effectuera Abdelmadjid Tebboune au Château royal d’Amboise, lieu de détention de l’Émir Abdelkader, durant sa captivité de 1847 à 1852.

Akli Ouali

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