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Pillage de sable à Filfila et Guerbes-Sanhadja : Les riverains sont-ils des victimes ou des complices ?

La région de Filfila, au même titre que la zone humide de Guerbes-Sanhadja, réputées pour leurs immenses étendues sablonneuses, un produit de qualité de plus en plus utilisé dans la construction, sont le théâtre d’un pillage « non-stop », dénoncent des habitants de la commune de Ben Azzouz, située à 60 kilomètres à l’est du chef-lieu de la wilaya de Skikda. Nos sources estiment que la complicité des riverains est flagrante dans ce trafic qui frappe de plein fouet ces zones côtières, surtout lorsqu’on sait qu’elles jouent un rôle capital dans l’atténuation des changements climatiques en agissant comme des tampons contre les crues et les ondes de tempêtes côtières d’une part, et emmagasinent de l’eau pendant les périodes de sécheresse d’autre part. Certains d’entre eux, expliquent nos interlocuteurs, sont installés dans ces lieux depuis des années et exploitent de manière illicite des dizaines d’hectares de sable. L’exploitation sauvage de ces gisements naturels demeure incontestablement l’un des rares phénomènes incurables jusqu’à présent qui caractérisent l’antique Rusicada. Le pillage du sable, malheureusement toujours d’actualité, notamment du côté de la zone humide de la plaine de Guerbes-Sanhadja, dans la daïra de Ben Azzouz, risque d’engendrer une véritable catastrophe naturelle. Bien que cette zone humide qui comporte 14 sous-zones, d’où son appellation de complexe, ait été inscrite en 2001 sur la liste de Ramsar, le massacre se poursuit en raison des activités néfastes de filières spécialisées. D’une superficie totale de 42.100 hectares, dont plus de 28.000 hectares marécageux, ce lieu revêt une valeur particulière pour la préservation de la diversité biologique en raison de la richesse de sa faune et de sa flore, selon des zoologistes. Le site en question est une vaste plaine littorale entièrement recouverte de sable, bordée à l’ouest par les collines côtières de Skikda et à l’est par le massif forestier côtier de Chetaibi. Il fait désormais l’objet d’une surexploitation de son sable, menée par des « affairistes » bien connus dans la région. D’ailleurs, pour certains experts, devant l’ampleur qu’a prise le phénomène du pillage du sable, cette zone a déjà perdu son statut de carrefour bioclimatique censé contribuer à la richesse de la biodiversité, dans la mesure où le massif dunaire continental de la plaine a pratiquement disparu. A ce propos, nous apprenons d’une source proche de la wilaya de Skikda que la cheffe de l’exécutif, Houria Meddahi, alertée à ce sujet, a donné des instructions aux services concernés pour mener des enquêtes approfondies visant à mettre un terme à cette situation. La wali a exigé des résultats concrets concernant les réseaux de trafiquants et leurs commanditaires, rapporte la même source.

B. Salah-Eddine

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