Programmé initialement hier dimanche, au tribunal criminel de première instance de Dar El Beïda à Alger, le procès de Kamel Chikhi, connu sous le nom de « Kamel El Boucher » a été ajourné. Ce report a été décidé à la demande de la défense, que le juge a estimé recevable, en attendant la désignation de nouveaux avocats. En plus de l’absence de l’ancien Directeur Général de la Sûreté Nationale (DGSN), Abdelghani Hamel, en raison de son état de santé, 28 témoins sur les 48 entendus au cours de l’enquête depuis 2018 n’étaient pas présents. Kamel Chikhi dit « Kamel El Boucher » est poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation dont « constitution d’une organisation criminelle dans le but d’importer, de commercialiser et de distribuer de la drogue » et « blanchiment d’argent ». La découverte de telles quantités de drogue, évènement inédit en Algérie, dans la mesure où c’est la première fois qu’une telle quantité est saisie lors d’une seule affaire, s’est faite alors que le pays s’enlisait peu à peu dans une grave crise politique, qui allait se terminer par la chute de la « Issaba ». Depuis, ce scandale a fait couler beaucoup d’encre et de salive, sans pour autant permettre à l’opinion publique d’y voir plus clair, dans une affaire entourée de zones d’ombre. Ce qu’il faut retenir, après cinq ans d’instruction judiciaire, c’est que 701 kilos de cocaïne pure ont été découverts le 26 mai 2018, à bord d’un navire en instance d’accostage au port d’Oran. Sa mise sur le marché nécessitait une transformation dans des laboratoires spécialisés qui n’existent pas en Algérie, ne pouvant être commercialisée dans l’état où elle a été découverte. D’où la question qui en découle : Quelle était donc sa destination ? D’autres interrogations font par ailleurs suite à la première : comment peut-on acheter une telle quantité sans se déplacer, ne serait-ce qu’une fois, au Brésil ? Comment peut-on ramener une telle quantité de drogue sans se déplacer pour négocier et mener une transaction aussi importante ? Trop de zones d’ombre que la Justice tente aujourd’hui d’éclairer, pour que la vérité éclate enfin au grand jour. Il est à rappeler que l’enquête avait nécessité l’envoi de commissions rogatoires à de nombreux pays, notamment le Brésil et l’Espagne, pour déterminer avec exactitude les circonstances dans lesquelles la cocaïne a été dissimulée dans la viande congelée, importée par Kamel Chikhi alias Kamel El Boucher. Ce dernier a toujours proclamé qu’il n’avait aucun rapport avec la drogue. Il est à noter que l’affaire est suivie avec beaucoup d’intérêt par les médias marocains, particulièrement ceux qui se trouvent sous le contrôle des services de renseignements et du Makhzen. Il est donc attendu à ce qu’ils tentent de se rapprocher de certains anciens journalistes algériens établis à l’étranger à des fins de collaboration.
Mohamed M.
Partager :