La publication par le ministère de la Santé et de la Population de la nomenclature des services et des prestations des pharmacies leur ouvrant le droit de procéder à toute la gamme des analyses biomédicales pour les malades, en plus de celles classiques de délivrer des médicaments avec ou sans ordonnance et de s’adonner à la revente des produits parapharmaceutiques, met les laboratoires d’analyses biomédicales dans le désarroi et l’expectative, rapportent des propriétaires de laboratoires de Biskra.
Consacrant ce qu’ils qualifient de concurrence déloyale des pharmacies d’officines, cette nomenclature élargie ne recueille pas leur approbation. Loin s’en faut. Ils craignent que leur corporation ne disparaisse à court terme. Ils réclament une révision de cette décision « qui favorise une corporation au détriment d’une autre » se plaignent-ils. A ce propos, il faut savoir que les pharmaciens sont défendus par le Syndicat National des Pharmacies d’Officines (SNAPO) qui est une des organisations les plus influentes. Forte de ses relais et ramifications dans les hautes sphères et de ses accointances politiques, elle a réussi à convaincre les décideurs d’étendre ses activités à la réalisation des analyses biomédicales, lesquelles étaient du ressort des seuls laboratoires dument agréés. « Nous sommes des laboratoires d’analyses biomédicales agréés activant depuis des décennies pour assister les médecins dans leurs diagnostics et traitements. Nos établissements sont le fruit de lourds investissements. Notre personnel est formé et professionnel et nos résultats sont garantis et fiables. De tous temps, seuls les laboratoires polyvalents, les centres hospitalo-universitaires et les unités de santé pouvaient effectuer des analyses biomédicales. Certaines pharmacies d’officine situées dans des régions enclavées ou rurales avaient des dérogations pour pratiquer des analyses biomédicales. Ils ont dorénavant le droit d’en effectuer mais au détriment de notre corporation risquant de ce fait de disparaitre à court terme. Les pharmaciens sont nos collègues et loin de nous l’idée de les léser mais ils représentent maintenant une menace pour notre profession. Bien qu’il y ait des automates permettant d’analyser très vite et avec précision les données biologiques, il faudrait que chacun s’en tienne à son métier », a expliqué la gérante d’un laboratoire connu à Biskra. Comme mesures d’urgence pour sauver les laboratoires d’analyses biomédicales, l’une de ses collègues propose de structurer et de renforcer leurs représentations syndicales et de se réunir pour discuter de leurs déboires et procéder à l’uniformisation des tarifs des laboratoires d’analyses médicales privés. « Les variations de tarification d’un laboratoire à l’autre entraîne confusion et méfiance chez nos patients et nuit à l’image de notre profession dans son ensemble. Dans un contexte où les enjeux de transparence et d’équité sont de plus en plus valorisés, il me semble primordial d’adopter une approche concertée pour arriver à une harmonisation de nos tarifs et dégager un consensus sur une grille tarifaire qui reflète à la fois la juste valeur des services rendus et l’engagement envers une pratique équitable pour nos patients », a-t-elle souligné.
Hafedh Moussaoui
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