Sans doute inspirées par des puissances étrangères, notamment des Émirats et du Maroc, les autorités militaires qui gèrent le Mali depuis le coup d’État de 2020 ont dénoncé l’Accord d’Alger de paix et de sécurité. Ils ouvrent ainsi la porte vers la division de leur pays. Depuis leur arrivée au pouvoir en 2020, les militaires, qui ont chassé du pouvoir Ibrahim Boubacar Keïta, ont donné tous les signaux qui convergent vers l’abandon de l’Accord d’Alger : refus de discuter avec les groupes d’opposition, absence de réponse aux sollicitations de la communauté internationale et plus particulièrement de la médiation que coordonne l’Algérie et l’orientation des efforts du pays vers des associations et des partenariats avec des milices militaires étrangères, à commencer par Wagner. Dès lors, les groupes d’opposition, à commencer par les Touareg, n’ont d’autres choix que de se méfier, dans un premier temps, de la nouvelle orientation des autorités de Bamako et de menacer de reprendre les armes dans une deuxième étape. Les liens étant rompus à tous les niveaux, les partenaires du pouvoir central malien se démarquent les uns après les autres, laissant le terrain vide aux groupes terroristes, qui ont profité du retrait des troupes françaises et celles des Nations-Unies pour commettre des massacres et isoler des populations dans de vastes territoires du nord du pays. C’est particulièrement le cas du groupe État Islamique au Grand Sahara, qui a tué des centaines de villageois dans la zone de Mélika. Mais il y a plus grave : en qualifiant ses partenaires de « groupes terroristes », le pouvoir de Bamako se tire une balle dans le pied et ouvre les portes de l’enfer sur le Mali. Il pousse systématiquement les groupes rebelles, signataires de l’Accord d’Alger, à reprendre les armes. L’ouverture d’un « dialogue national », lancé par le chef de la Junte, Assimi Goïta, n’aura donc aucun sens. La guerre civile risque donc de reprendre plus que jamais, à la lumière de la nouvelle donne, puisque plus personne ne veut désormais être l’interlocuteur d’un groupe de militaires dont seule la survie au pouvoir est prééminente. Miser sur une milice, Wagner, au détriment d’une assistance de pays voisins et d’États viables est l’autre grosse erreur commise par les autorités de Bamako. Contrairement aux États, les milices ne s’astreignent à aucune règle dans leurs agissements quotidiens, frappant de plein fouet le droit national et international. C’est ce que font ces groupes là où ils passent : au Soudan, en Centrafrique ou au Mali. Ils pillent les richesses du pays, avec une préférence pour l’or, sans aucun contrôle et s’occupent uniquement de protéger les régimes politiques, laissant les populations civiles à leur sort. En plus de cela, les autorités maliennes ont pêché par leur recours à des soutiens encombrants, que sont les Émirats arabes unis et le Maroc. Or, ces États se sont inscrits résolument dans le cadre des Accords d’Abraham, qui font de l’Algérie une de leur cible. Ce qui fait de cette alliance un casus belli contre notre pays qui, certainement, ne restera pas sans réagir. À moins que la junte au pouvoir à Bamako ne prenne conscience de ces errements.
Akli Ouali
Partager :