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Théâtre municipal de Sétif     : Quand Toufik Mezaache casse le spleen culturel 

Après une absence de plus de cinq années, l’humoriste Toufik Mezaache retrouve les planches du vieux théâtre municipal de Sétif. L’avant-première de son nouveau one-man-show « Moins cinq » a été une véritable réussite. Constitué de journalistes, de comédiens, d’artistes et d’invités triés sur le volet, le public a été, le moins que l’on puisse dire, épaté par le texte et la présence du comédien. Comme à l’accoutumée, l’artiste s’est donné à fond, une heure durant, au grand bonheur des présents, lesquels ne vont pas oublier de sitôt l’après-midi du jeudi 25 janvier. Malgré la longue absence, l’humoriste n’a rien perdu de son talent et de sa verve. Tout au long d’un spectacle mixant la dérision, le rire et le sérieux, il a su tenir en haleine un public intéressé. Il a aussi et surtout pu permettre aux présents de mettre entre parenthèses, le temps d’un spectacle, un quotidien pas du tout facile pour une partie de la société. Traitant des sujets ayant une relation avec la vie du citoyen lambda, le comédien pointe du doigt les contradictions d’une société qui se cherche. Il prend en dérision le citoyen en conflit avec lui-même. Il l’invite à se regarder dans une glace. Le tout dans un style humoristique. Le texte mixant le langage dialectal et la langue arabe raffinée et la présence du comédien qui a beaucoup travaillé son spectacle n’ont pas échappé au public d’une manière générale et aux initiés en particulier. « Prendre place au théâtre pour assister à une très belle pièce a été un plaisir. On ne trouve pas les mots pour exprimer notre emballement et remercier le comédien qui a été égal à lui-même. C’est dommage, la vie culturelle est conjoncturelle à Sétif. La cité ne manque pourtant pas de talents. Il faudrait bannir les vieux réflexes pour lesquels l’activité culturelle d’un certain niveau n’existe qu’en été et durant le Ramadhan. D’autant que le public est demandeur », soulignent, non sans joie, plusieurs adeptes du sixième art. Ravis, plusieurs artistes et comédiens sont de cet avis : « La pièce ‘’Moins cinq’’ est une belle ouverture de la saison culturelle à Sétif. Toufik Mezaache qu’on ne présente plus revient avec un travail élaboré. Il a le mérite de casser le spleen culturel dans lequel patauge une grande agglomération comme Sétif. Nous souhaiterions qu’une telle production puisse bénéficier d’une large diffusion. La balle est désormais dans le camp des chargés de la culture à la municipalité, à la maison et à la direction de la culture de la wilaya ». Les responsables concernés vont-ils mettre le holà ? Cela dit, le spectacle a, le moins que l’on puisse dire, redonné une seconde vie au mythique théâtre municipal devant faire l’objet d’un grand lifting. « Avant de monter sur les planches, j’avais la trouille. Je l’avoue. Je ne voulais pas rater mon retour. L’acclamation du public m’a donné des ailes et permis de vaincre mon trac. Je suis content. Après la réalisation de la ‘’Cave’’ dans le cadre du théâtre de rue, ‘’Qui de nous ne rêve pas’’ et le ‘’livre’’, des pièces pour jeunes aux besoins spécifiques, et ‘’Gaada’’, une pièce du théâtre de l’improvisation, j’ai décidé de revenir à ma vocation première et renouer avec mon public que je salue au passage », dira à la fin du spectacle, l’infatigable humoriste qui prépare la septième édition du Fouara-show, une manifestation dédiée au rire. Pour rappel, Toufik Mezaache qui a débuté sa carrière en 1990 est l’interprète d’une dizaine de one-man-show dont le « Retard », primé à huit reprises à l’échelle nationale, la neuvième en 2006 au festival international de l’humour de Sousse (Tunisie). La « récréation d’un fou » a été distinguée à trois reprises. Et comme l’appétit vient en mangeant, ou plutôt en foulant les planches, l’interprété du « Moins cinq » va reprendre son bâton de pèlerin pour écumer les scènes.

Kamel Beniaiche

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