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Les dangers des ingérences extérieures : Le Soudan, terrain de lutte des « forces du mal »

En tournée dans certains pays de la région, le président du Conseil soudanais de la Souveraineté, Abdelfattah Al Burhan, est arrivé avant-hier dimanche à Alger, pour y rencontrer les responsables algériens, à leur tête le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. À l’issue des entretiens entre les deux présidents, élargis aux deux délégations, Abdelfattah Al Burhan et Abdelmadjid Tebboune ont évoqué, en des termes à peine voilés, les ravages que provoquent les ingérences étrangères dans d’autres pays. Et l’exemple du soudan est éloquent. Ce pays a été ciblé par « les forces du mal » qui veulent s’en prendre également à l’Algérie, a en effet affirmé le chef de l’État, dans une allocution prononcée devant la presse. Une affirmation soutenue par Abdelfattah Al Burhan, qui a indiqué que son pays faisait face à « une conspiration ourdie de connivence avec des parties régionales et internationales ». Évidemment que pour éviter de créer une crise diplomatique, les deux dirigeants n’ont cité aucun pays. Mais l’allusion aux Émirats arabes unis est tellement claire qu’il ne peut y avoir de doute sur le rôle néfaste qu’a ce pays du Golfe sur certains pays de la région. C’est le pays des Ben Zayed qui finance et équipe les milices de « l’intervention Rapide » de Hamidti. C’est par le biais de Dubaï que transite l’or pillé au Soudan par les entreprises de Dagolo, des milices Wagner et des Émiratis. C’est également là-bas qu’il est vendu, pour permettre aux Seigneurs de guerre d’acheter encore plus d’armes, qui serviront à tuer plus de Soudanais. Cet appui criminel aux factions soudanaises, qui se livrent une bataille sans merci tuant des populations civiles sans défense, dure depuis au moins le mois d’avril dernier. Et les efforts de la communauté internationale – menés notamment par le diplomate algérien Ramtane Lamamra – pour endiguer la crise n’aboutissent toujours pas. Pire, à l’ombre de la guerre en Palestine et en Ukraine, des massacres sont commis tous les jours dans ce pays et le spectre des tueries s’élargit, touchant chaque jour de nouvelles régions et de nouveaux groupes de populations, dont certains, mus par appât du gain ou par esprit tribal, tombent sous les coups de l’un ou de l’autre des belligérants. Il est cependant vrai que les Émirats ne sont pas les seuls à mettre leur nez dans ce conflit soudanais. Les Américains, les Russes, les Turcs et les Égyptiens tentent chacun de défendre leurs intérêts, au détriment de ceux d’un pays exsangue et épuisé par des guerres civiles successives, qui ont mené à sa partition une première fois en 2011. Les populations sont maintenant habituées, malheureusement, à la guerre, devenue leur pain quotidien. Chaque puissance sponsorise un groupe ou une faction qui, naturellement, ne peut se déterminer que par rapport aux injonctions reçues par leurs parrains et soutiens extérieurs. Ce qui rend toute solution politique quasiment impossible ou du moins délicate, comme c’est d’ailleurs le cas en Libye. Le drame soudanais doit servir de leçon à ceux qui seraient tentés de demander des soutiens extérieurs. Il est vrai que l’omnipotence de certains régimes de la région ne laisse pas aucune voie aux issues politiques. Mais la préservation de la stabilité et la paix des États passent avant tout par des solutions internes, loin des soutiens dévastateurs venus de l’extérieur.

Akli Ouali

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