Après des mois d’absence, l’Algérie reprend pied sur le terrain libyen. Hier samedi, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, était à Tripoli pour des rencontres avec les responsables libyens. En plus de ses entretiens avec son homologue libyen, Attaf a été reçu par le président du Conseil présidentiel, Mohamed Younes El Menfi, à qui il a remis une lettre manuscrite du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. L’occasion pour le ministre algérien de réitérer « la disposition de l’Algérie à contribuer, de par sa position au sein du Conseil de sécurité, à défendre les préoccupations et les priorités des frères libyens, en vue d’accélérer la réalisation d’une solution libo-libyenne à même de mettre fin définitivement à la crise », a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Le document précise par ailleurs que les deux hommes ont passé en revue « l’état et les perspectives des relations algéro-libyennes, et de saluer les liens historiques, fraternels et de solidarité enracinée entre les deux pays et peuples frères ». Plus globalement, cette visite de Attaf, envoyé spécial du président de la République en Libye, « participe de l’attachement de Monsieur le Président de la République à la consolidation des liens de fraternité, de solidarité et de coopération entre l’Algérie et la Libye et à la préservation et au renforcement des traditions de concertation et de coordination au service des intérêts des deux pays et peuples frères et de la stabilité de la région et de son voisinage ». Cette visite à Tripoli est la première d’un haut dirigeant algérien depuis très longtemps. La dernière remontant au début de l’an passé, lorsque l’ancien chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, s’est rendu dans la capitale libyenne. Les responsables des deux États se depuis lors contentés d’échanges épistolaires, à l’exception d’une rencontre informelle à Alger, en octobre dernier, entre Ahmed Attaf et le chargé de gestion des affaires au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale au sein du gouvernement d’union nationale de Libye, Taher Al Baour, en marge d’une rencontre ministérielle annuelle Afrique-Pays nordiques. Pourtant, l’Algérie était fortement impliquée dans le processus de Rome, qui visait notamment à accélérer le processus de dialogue national en Libye, afin de parvenir à un processus politique inclusif. Des élections présidentielles et législatives étaient même prévues, initialement pour 2020 puis 2022, avant d’être reportées sine die. Les principales factions politico-militaires se déchirent, sur fond d’ingérences étrangères. Face au gouvernement d’Union nationale de Abdelhamid Debaïba établi à Tripoli, reconnu par la Communauté internationale et soutenu par des milices armées, se trouve notamment l’autoproclamé Maréchal Haftar, qui a pour siège la ville de Benghazi, à l’Est. Ancien général de Mouammar Kadhafi, Haftar est appuyé par les Émirats arabes unis et les Russes. Il est à la tête de « l’armée nationale libyenne », mais agit, en vérité, comme un véritable chef d’État. Pour l’instant, les deux principales parties se regardent en chiens de faïence et aucun calendrier électoral n’est envisagé. L’Algérie tentera-t-elle de jouer les intermédiaires ? Possible, malgré des tentatives de parasitage venues notamment des Émirats.
Akli Ouali
Partager :