Le Général d’armée, Said Chanegriha, chef d’état-major, a entamé hier samedi une visite en Arabie saoudite, a indiqué un communiqué du ministère de la Défense nationale, qui précise que la visite en question lui permettra « d’assister à la deuxième édition du salon international de l’Armement, qui se tiendra à Riyad du 4 au 8 février courant. » Le communiqué ajoute que le patron de l’Armée profitera de l’opportunité de sa présence dans la capitale saoudite « pour visiter des structures militaires appartenant aux forces terrestres saoudiennes et rencontrer des responsables militaires saoudiens, en vue d’étudier le voies et moyens de renforcer la coopération bilatérale et discuter des questions d’intérêts communs. » Davantage que son aspect factuel, la visite de Said Chanegriha vaut plus par sa dimension politique et symbolique, car elle intervient au moment où les relations entre Alger et Riyad se caractérisent, depuis des mois, par un froid qui a quasiment tout « gelé » en termes d’échanges et de projets, réduits à une portion congrue, alors que les potentialités de partenariat entre les deux pays, poids lourds sur l’échiquier arabe, sont immenses. Vu son poids politique, quasiment un président bis et au-delà de la mission ponctuelle de visiter le deuxième salon international de l’armement, le chef de l’état-major est probablement envoyé au royaume d’Al Saoud avec pour mission de briser la glace et tenter de dissiper les nuages, qui se sont accumulés ces derniers mois, sur les cieux algéro-saoudiens. Ce qui pourrait faire office de prélude à une possible rencontre au sommet, entre le président Tebboune et le prince héritier Mohamed Ben Salmane (MBS), afin de sceller la réconciliation. En fait de dégel, il y a déjà eu, la semaine dernière, la visite surprise du ministre de l’Intérieure du Royaume saoudien, qui a été reçu à El Mouradia par le président de la République, qui montre, à travers cette audience, tout l’intérêt que l’Algérie porte aux relations bilatérales, loin de l’écume politico-médiatique qui agite la scène arabe. Il est vrai que l’Algérie ne voit pas d’un très bon œil le tropisme marocain de la diplomatie saoudienne, qui affiche un parti pris en faveur du Maroc dont le roi, pourtant très peu porté sur les déplacements, avait effectué dernièrement une visite officielle en Arabie Saoudite et que la presse du Makhzen a orchestré de façon à en faire une sorte d’apothéose de la lune de miel qui existerait entre les deux monarchies. Signe de cette « lune de miel », l’injonction de MBS aux médias saoudiens de bannir le syntagme « Sahara occidental » de leurs articles, ce qui constitue de sa part un soutien au plan annexionniste marocain, qui va à l’encontre de l’option de l’autodétermination, défendue bec et ongle par l’Algérie. Le coup de froid qui avait brutalement surgi entre Alger et Riyad, alors que les relations étaient au beau fixe, remonte à la tenue du 31 sommet de la Ligue arabe à Alger, le 1er et 2 novembre à Alger. Un rendez-vous « snobé » par MBS, pour des « des considérations médicales », avait-on expliqué. Réponse du berger à la bergère, le président Tebboune avait lui aussi boycotté le 32e sommet arabe de Djeddah, qui avait consacré le retour officiel de la Syrie au sein de la Ligue arabe en reprenant son siège. Il s’agit désormais de mettre fin aux brouilles passagères entre deux poids lourds du monde arabe. Envoyé en éclaireur, le Général Said Chanegriha tentera de baliser la voie, en profitant de sa visite au royaume wahhabite.
H. Khellifi
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