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Marché informel de la devise : Pourquoi une telle flambée de l’Euro ?

La flambée inédite des devises étrangères sur le marché informel fait quotidiennement la « une » de la presse nationale, constatant, puis s’interrogeant sur les causes invisibles de ce phénomène inédit dans les annales cambistes de la place de Port-Saïd, où l’euro s’est échangé, hier dimanche, à 238 dinars à la vente contre 240 dinars à l’achat. Pourquoi un tel décrochage historique du dinar, dont les répercussions sur le pouvoir d’achat des Algériens sont évidentes, alors même que le président Tebboune, dans ses multiples interventions médiatiques, fait de ce même pouvoir d’achat un leitmotiv, un cheval de bataille, alors que le Ramadhan, mois de grosses dépenses, est à nos portes. Le président de la Commission des Finances à l’Assemblée Populaire Nationale (APN), interrogé hier par le quotidien Echourouk, a une explication au phénomène, indiquant qu’elle est « la conséquence directe des dernières mesures prises par les autorités pour mettre de l’ordre dans le marché des importations. » Comment ? « Il n’y a plus de surfacturation des importations, les tours de vis successifs portés par les services des Douanes contre la mafia de l’import-import, qui alimente le marché en devises, ont produit leurs effets, les sources sont en train de tarir progressivement », note Hicham Safar, qui voit paradoxalement dans cette flambée de l’euro un « signe positif » qui annonce, selon lui « la fin prochaine du marché parallèle de la devise.» « Moins de surfacturation, donc de devises qui rentrent clandestinement pour alimenter le marché informel, c’est une opération mécanique », analyse ce député, qui appelle de ses vœux l’ouverture des bureaux de change « pour porter le coup de grâce au marché informel, qui fait beaucoup de mal à notre économie. » Le président de la Commission des Finances évoque aussi un autre facteur, certes de moindre importance en termes de demande : le départ massif des Algériens pour la Omra, « à l’approche des mois de Ramadan et de Chaâbane. » Une occasion pour eux de faire « le petit pèlerinage » et de profiter pour faire leurs emplettes à la Mecque. Par ailleurs, un autre facteur est évoqué par d’autres sources au sujet de cette dégringolade du dinar, à savoir « la panique » de certains richissimes citoyens, qui seraient en train de se débarrasser de leurs actifs en dinars en Algérie, en achetant massivement de la devise étrangère, dans le but de la transférer clandestinement à l’étranger. Ces nouveaux acteurs, soucieux de se prémunir contre de possibles aléas, contribuent à la baisse du dinar, en influant sur la demande. Mais quid de l’ouverture des fameux bureaux de change, que les autorités ont présenté comme une panacée contre le marché parallèle de la devise ? C’est une arlésienne qui alimente le discours, mais pour le moment, il n’y a rien de palpable et de précis, quant à l’ouverture de ces bureaux, pourtant prévus dans la nouvelle loi monétaire. Visiblement, les pouvoirs publics hésitent encore à franchir le pas de l’ouverture, redoutant un risque de « saignée » des réserves de devises, à travers une forte demande, qui remettrait en cause les efforts de la politique de rétablissement des grands équilibres financiers. Une phase d’attentisme que les acteurs de l’informel convertissent en devises.

H. Khellifi

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