Face à l’agressivité des Émiratis, l’Algérie prend des mesures de rétorsion. Le ministère de la Justice interdit désormais aux notaires d’accepter les contrats signés par des sociétés algériennes et les deux entreprises émiraties qui activent dans le domaine de la fabrication et de la commercialisation des tabacs. Le secteur du Tabac a attiré, depuis les années 2000, les investissements émiratis. Au début, des investisseurs de ce pays du Golfe ont créé à Bousmaïl, dans la wilaya de Tipaza, une société mixte avec l’ancienne Société Nationale des Tabacs et Allumettes (SNTA). Une joint-venture appelée Staem, la Société de Tabacs Algéro-Émiratie, spécialisée dans la production de cigarettes de marques étrangères, notamment américaines, en collaboration avec une grande major internationale de ce domaine. Puis, l’appétit venant en mangeant, les investisseurs émiratis ont englouti, à partir de 2015, la SNTA. Ils ont créé l’UTC, l’Union Tobacco Company, une association entre la société publique Madar Holding et des investisseurs émiratis. Son usine, située à Koléa, fabrique les cigarettes de marque algérienne. Ce sont ces deux sociétés qui sont touchées par la correspondance du ministère de la Justice. Dans un courrier adressé aux notaires, il est clairement indiqué qu’il était interdit d’établir des actes notariés pour des transactions avec ces deux entités. Mais quels sont ces contrats ? Il est difficile de répondre à cette question. Mais une source au sein du groupe Madar a expliqué que cette correspondance peut créer la confusion, à partir du moment où la holding publique y a été citée nommément. Puis, notre source soulève une autre problématique : les autorités algériennes ne peuvent pas nationaliser ces entreprises, au risque de se retrouver devant des arbitrages internationaux, qui risquent d’être favorables à la partie émiratie. Il reste néanmoins de nombreux autres investissements dans lesquels sont impliqués des Émiratis.. Une société émiratie, Dubaï Ports World, gère également le port d’Alger depuis de nombreuses années. En revanche, le président Abdelmadjid Tebboune a annulé, en octobre dernier, un contrat qui devait être signé par une partie algérienne et une société émiratie. D’autres projets lancés par des sociétés de ce pays sont également à l’arrêt, ou soumis à des arbitrages internationaux. C’est le cas du Parc des Grands Vents à Alger, qui traîne depuis une vingtaine d’années et d’autres projets immobiliers et touristiques qui sont suspendus.
Akli Ouali
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