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Indécence

Comment qualifier des députés de l’Assemblée Populaire Nationale (APN), dont le métier consiste à voter des lois devant régir la vie nationale et qui passent leur temps à… perdre leur temps ?! C’est poussé jusqu’à la caricature, la triste réalité constatée au sein de notre auguste assemblée, dont la salle des séances plénières est de plus en plus clairsemée, y compris quand des textes de très haute importance y sont examinés. Un phénomène qui n’est pas nouveau, il est vrai. Mais c’est justement une raison d’en parler et d’en reparler, quitte à froisser la sensibilité de ces « élus du peuple », qui sont richement payés à ne rien faire, ou presque. Hier encore, le président de l’Assemblée s’en est une nouvelle fois plaint, à l’occasion de l’ouverture de la séance plénière consacrée au débat général autour de la révision du Règlement intérieur. Brahim Boughali n’y était pas allé avec le dos de la cuillère, pour dire tout haut qu’il fallait absolument aborder et « sérieusement » la question de l’immunité parlementaire à l’occasion du débat sur le règlement intérieur. Pour lui, il est plus que jamais temps de régler le « problème récurrent de l’absentéisme des députés aux plénières ». Que cela sorte de la bouche du président de l’APN, est signe que le phénomène a atteint un niveau intolérable. Il en a aussi appelé au sens des responsabilités des présidents des groupes parlementaires, qui ont vocation à rappeler à leurs députés paresseux les « obligations et engagements des élus envers les électeurs qu’ils représentent ». Il est triste que l’on soit amené, en 2024, à prier les députés de venir assister aux débats en cours à l’Assemblée, sur des projets de loi extrêmement importants, voire vitaux, pour le pays. Où est donc passée la parole donnée aux électeurs de porter leur voix et défendre leurs intérêts ? Il est moralement indigne et politiquement inacceptable que des députés sèchent systématiquement les séances plénières, qui sont un minimum syndical pour un élu, qui a un tant soit peu de respect pour le mandat populaire qu’il a reçu. On sait qu’on ne peut pas attendre de nos honorables élus un quelconque sursaut politique pour rejeter un projet de loi de l’exécutif, à moins qu’il ne concerne leurs indemnités et autres avantages attachés à leur fonction. Mais ne pas honorer son mandat par une présence physique à l’hémicycle est une inconséquence politique, doublée d’une faute morale qui frise l’indécence. Il est temps que les lois s’appliquent à ceux qui les adoptent machinalement et à tour de bras.

Par Imane B.

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