La Commission mixte algéro-française d’historiens a rendu public le samedi 3 février un communiqué, dans lequel sont listées neuf « préconisations, soumises aux deux présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron » dans le cadre de sa mission, qui est de « purger le contentieux mémoriel », un des points de cristallisation des tensions entre Alger et Paris. Ladite commission, qui s’est réunie en session plénière le 24 janvier aux Archives nationales de Paris, après s’être déplacée en douze lieux de la capitale française, en région parisienne et en province, a entamé son communiqué par les archives. À ce propos, elle rappelle ce qui a été décidé à Constantine, en l’occurrence « la restitution de cinq mètres linéaires d’archives de l’Algérie de l’époque ottomane, ainsi que la remise de deux millions de documents numérisés. » En ce qui concerne la numérisation, la Commission s’est mise d’accord sur « la nécessité et l’utilité de définir un ordre de priorité dans la numérisation des fonds d’archives, à commencer par les archives militaires et diplomatiques du XIXe siècle. » La deuxième préconisation concerne la restitution, une des revendications majeures de l’Algérie, à propos de laquelle elle « propose une liste ouverte de biens symboliques, comme ceux ayant appartenu à l’Émir Abdelkader, à Ahmed Bey et à d’autres personnalités algériennes (à titre d’exemple, l’épée, le burnous, le coran, la tente et les canons de l’Émir, la tente d’Ahmed Bey, la clé et les étendards de Laghouat, les canons, etc., NDLR) en vue de leur restitution. » Sur le même point, lit-on encore dans le communiqué, la Commission « propose de réaliser des expositions sur l’histoire de l’Algérie aux XIXe siècle, à partir des fonds d’archives présents dans les musées de France et en Algérie. Elle propose en particulier que « l’exposition sur l’Émir Abdelkader, réalisée au Mucem 2022, soit également présentée dans un musée en Algérie. » En outre, une chorologie fait partie des propositions de la Commission, confirmant ce qui a été convenu à l’issue de la rencontre de Constantine, qui s’accorde « sur une approche thématique, recensant d’une part les sources imprimées et d’autre part, les publications. » Les livres publiés en arabe, en Français et dans d’autres langues, sur l’histoire coloniale de la France en Algérie feront aussi l’objet d’un recensement « pour permettre l’identification d’ouvrages qui seraient numérisés ou encore à traduire. » Les quatrième, cinquième et sixième propositions portent respectivement sur « Une bibliographie, un portail numérique, selon les dispositions retenues à Constantine, ainsi que l’échange des doctorants et des chercheurs algériens en France et chercheurs français en Algérie, afin de participer à l’inventaire et l’étude des archives de la période coloniale, dès la rentrée universitaire 2024/2025. » Quant au très délicat point, relatif aux cimetières des détenus algériens du XIXe siècle en France, la commission coprésidée par Mohamed Lahcene Zeghidi et Benjamin Stora, indique qu’elle s’est « entendue pour poursuivre l’identification et la recension des cimetières, des tombes et des noms des détenus algériens au XIXe siècle, décédés et enterrés en France, et de valoriser ces lieux de mémoire par l’apposition de plaques commémoratives en une douzaine de lieux. » Enfin, des « rencontres scientifiques conjointes » et « la numérisation des registres d’état-civil », huitième et neuvième propositions du document soumis à l’appréciation des deux présidents, feront probablement partie du menu des discussions, à l’occasion de la visite annoncée du président Tebboune à Paris.
H. Khellifi
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