Depuis quelques jours, Ahmed Attaf, chef de la diplomatie, sillonne les pays du Maghreb avec, entre les mains, des lettres manuscrites envoyées par le président Abdelmadjid Tebboune à ses homologues de la région. Depuis la semaine dernière, le chef de la diplomatie algérienne a pris son bâton de pèlerin pour une tournée maghrébine. Entamée à Tunis, cette virée a été achevée, avant-hier vendredi, en Mauritanie, après un passage par la Libye. À chacune des trois escales, le ministre des Affaires étrangères a remis une lettre manuscrite du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, aux chefs d’État des pays visités. Une approche nouvelle dans la gestion des relations entre l’Algérie et ses voisins. Un signe de haute estime, dans le langage des diplomates. « C’est une très bonne chose de vouloir reprendre en main la situation dans la région », nous a confié un ancien diplomate algérien, qui ajoute que ces lettres devront être suivies de « visites » de responsables algériens de haut rang. Pour l’heure, il n’y a pas beaucoup d’informations qui ont filtré sur ces rencontres. Mais visiblement, le gouvernement algérien veut contrecarrer les velléités de déstabilisation de certaines puissances étrangères dans la région, à commencer par les Émirats arabes unis et le Maroc. D’ailleurs, c’est ce qu’a dit Ahmed Attaf à demi-mot, après sa rencontre avec le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghezouani. Pour lui, sa « visite en Mauritanie, pays frère, s’inscrit dans le cadre de la volonté commune des dirigeants des deux pays de renforcer les relations algéro-mauritaniennes et les promouvoir aux plus hauts rangs, outre leur souci constant de contribuer à tout ce qui est à même de renforcer la sécurité et la stabilité dans la région et dans le proche voisinage ». La semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères s’était d’abord rendu à Tunis, pour rencontrer le président Kais Essaïed, avant de gagner, le lendemain, la Libye, pour remettre une lettre manuscrite d’Abdelmadjid Tebboune au président du Conseil présidentiel libyen. Des correspondances qui interviennent quelques semaines après les accusations portées par le Haut conseil de sécurité à « un pays arabe frère », à qui l’Algérie reprochait des « agissements hostiles ». Le pays n’était pas cité, mais tout le monde a compris qu’il s’agissait des Émirats arabes unis, que certains observateurs accusent de travailler dans le but d’affaiblir l’Algérie au profit du Maroc. Ce sont « des forces du mal », qui ont notamment déstabilisé le Soudan, selon les accusations du président Abdelmadjid Tebboune, qui s’exprimait récemment lors de la visite à Alger d’Abdelfatah Al Burhan, le président du Conseil soudanais de souveraineté. Ces visites d’Ahmed Attaf interviennent également dans un contexte marqué par l’entrée de l’Algérie comme membre non permanent du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. Une place qui lui permet d’exercer une influence certaine sur certains pays membres de l’Assemblée générale des Nations-Unies.
Akli Ouali
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