« L’Europe et sa projection nord-américaine se revendiquent d’une universalité des droits humains que leurs actes n’ont cessé de contredire. Face à leur inaction devant la destruction de la Palestine par l’État d’Israël, c’est l’Afrique du Sud qui, aujourd’hui, défend cet universel », écrit Edwy Plenel, dans un article paru hier lundi sur le site web Mediapart. « La requête de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice des Nations unies contre l’État d’Israël, sur le “caractère génocidaire” de sa guerre contre les Palestiniens et Palestiniennes de Ghaza, n’est pas seulement un événement juridique sans précédent. Elle marque un renversement géopolitique : tandis que tous les peuples du monde constatent, à travers la tragédie palestinienne, l’usage à géométrie variable par l’Europe et les États-Unis d’Amérique des valeurs universalistes dont ils se réclament, c’est un pays emblématique des causes émancipatrices du tiers-monde, anticoloniales et antiracistes, qui en reprend le flambeau », dénonce l’ancien directeur de la rédaction du journal Le Monde. Le même jour de la parution de cet article sans complaisance à l’encontre des puissances occidentales, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) alerte l’opinion publique internationale à propos de la tragédie que vivent aujourd’hui les Ghazaouis : « La population de Ghaza souffre d’un niveau sans précédent de conditions proches de la famine ». « Quelque 550.000 personnes se retrouvent face à une insécurité alimentaire catastrophique », a indiqué pour sa part l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). « On assiste à des niveaux sans précédent d’insécurité alimentaire aiguë, de faim et de conditions proches de la famine à Ghaza », a affirmé la directrice générale adjointe de la FAO, dans un communiqué diffusé hier lundi. « La totalité des 2,2 millions d’habitants à Ghaza figure dans les trois niveaux les plus élevés d’urgence alimentaire, du niveau 3 d’urgence au niveau 5 de catastrophe », a souligné la même responsable. Réagissant aux bombardements de Rafah, qui ont déjà fait plus de 100 victimes, le Premier ministre écossais s’est nettement démarqué des positions partagées par la plupart des capitales occidentales. « Le gouvernement britannique et l’opposition travailliste devraient baisser la tête de honte, alors que nous assistons à un massacre qui tue des milliers de femmes et d’enfants sous nos yeux », a-t-il blâmé. « Le refus de Keir Starmer (membre du Parti travailliste, NDLR) et du Premier ministre britannique Rishi Sunak d’appeler à un cessez-le-feu immédiat ne sera jamais oublié, ni pardonné », a-t-il fustigé. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, les Émirats arabes unis ont défendu leurs liens avec Israël. Selon leur ambassadrice à l’ONU, « c’est grâce à la coopération » avec Tel-Aviv que son pays dispose d’un hôpital de campagne à Ghaza et d’un hôpital maritime qui accoste dans le port d’Al Arich, en Égypte. Alors que le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU exprime toute son impuissance et celle de son organisation à éviter le désastre à des centaines de milliers de Palestiniens, « qui risquent de mourir de faim et de famine dans le nord ». Les puissances occidentales et les richissimes royaumes du Golfe vont-ils regarder ailleurs pendant que cela se produit ?
Mohamed Mebarki
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