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Azzedine Medjoubi : Le théâtre était sa vie

13 février 1995 – 13 février 2024. 29 ans séparent ces deux dates. 29 ans depuis la disparition tragique d’Azzedine Medjoubi, un monument du théâtre, assassiné en plein ramadan en début d’après-midi, à quelques mètres de l’édifice du théâtre national, à Alger. Il venait d’avoir 49 ans ! La veille, le 12 février 1995, l’Algérie venait de perdre Rachid Mimouni, écrivain emblématique et auteur de plusieurs œuvres majeures, inscrites au patrimoine universel de la littérature, décédé suite à une hépatite aigüe. Une année auparavant, plus précisément le 14 mars 1994, le monde du théâtre et les Algériens sont ébranlés par le décès à Paris de Abdelkader Alloula, dramaturge au talent immense, victime d’un attentat terroriste, le 10 mars vers 21 heures, alors qu’il se rendait au théâtre d’Oran pour animer une conférence. C’était la décennie noire. Azzedine Medjoubi est mort sur le coup, après avoir reçu plusieurs balles. Sa disparition a plongé le milieu artistique et intellectuel dans le désarroi. Il venait d’être nommé directeur du théâtre Mahieddine Bachtarzi. Sa contribution à la dynamique théâtrale, en tant que comédien et metteur en scène, lui a permis d’accéder à la notoriété. Son parcours artistique a débuté à la télévision, avant de passer au théâtre où il s’est illustré de façon magistrale. Son talent illimité lui a également permis de briller au cinéma. En 1978, il interprète le rôle principal, dans le film « L’olivier » de Boulhilet. Plus tard, il est sollicité par Malik Hamina pour tenir un rôle dans « Automne, octobre à Alger », aux côtés de Mustapha El Anka, Larbi Zekkal et Sid Ahmed Agoumi. Mais c’est surtout au théâtre qu’il a fait étalage de son talent inimitable. En 1983, sa prestation dans la pièce de théâtre « Galou Laârab galou » est tout simplement inoubliable ! Si sa mémoire a été régulièrement honorée par la grande famille du quatrième art, on ne peut pas en dire autant de la presse écrite et audiovisuelle, où l’évocation de son parcours est devenue une sorte de rituel banalisé et n’est jamais sortie des sentiers battus, alors qu’Azzedine Medjoubi mérite bien plus qu’une simple évocation posthume. Patriote, il était porteur d’une culture et d’une expression populaires à transmettre aux générations qui ne l’ont pas vu sur scène. Le 21 mars 2000, afin qu’il ne soit pas englouti par les ténèbres de l’oubli, son nom a été dédié au théâtre régional de Annaba. Ce qu’il faudrait retenir, c’est que l’année de sa mort, a été une année particulièrement meurtrière en Algérie, inaugurée par un attentat terroriste à la voiture piégée contre le commissariat central d’Alger, entrainant la mort de plus de 42 personnes et de 200 blessés, alors que le pays était livré à un embargo sans nom, décidé par les puissances occidentales et à leur tête la France.

Mohamed Mebarki

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