L’Algérie commémore aujourd’hui la Journée nationale du Chahid. Instaurée il y a de cela plus de trente ans, à un moment où l’Algérie allait vivre une terrible épreuve, de laquelle elle est sortie aguerrie, grâce aux sacrifices consentis par des milliers de ses filles et fils qui ont mis en échec les tentatives de son afghanisation. Le 18 février est une date repère, qui lie le passé au présent. Une journée qui réunit en son sein l’héroïsme de celles et de ceux qui ont fait don de leur vie pour que leur patrie recouvre son indépendance et la bravoure de celles et de ceux qui ont fait face au terrorisme. Certes, elle renvoie à deux faits historiques : l’inscription de la question algérienne à l’assemblée générale de l’ONU et la naissance de l’Organisation Spéciale (OS), créée par des militants ayant opté pour la lutte armée. Mais cela ne l’empêche guère d’être considérée comme un lien entre toutes les générations, qui ont porté haut le patriotisme, dans son expression la plus noble. Des premiers résistants, El Mokrani, El Haddad, Fatma Nsoumer et les Zaâtcha, à Abdelkader Alloula et Azzedine Medjoubi, qui ont donné leur vie pour que l’Algérie ne sombre pas. De Larbi Ben M’Hidi à Djamila Boupacha, des générations d’Algériens ont su réinventer la résistance selon les circonstances et l’époque. L’Algérie était et demeurera éternellement dans leur ADN. La date du 18 février est tout cela à la fois. Elle est le passé, le présent et l’avenir, d’un peuple qui a fait dissiper l’illusion d’une Algérie française, au grand désarroi des stratèges d’un empire qui perdait pied au Vietnam et en Afrique. Plus que le 8 mai 1945, le 1er novembre 1954, le 20 août 1955 ou le 20 août 1956, la date du 18 février représente une référence qui renvoie à toutes ces étapes. Une date qui rappelle les sacrifices d’Amirouche et d’El Haouès, de Didouche Mourad et de Ramdane Djamel. Une date qui ne se contente pas de rappeler, au fil du temps, aux jeunes générations les crimes contre l’humanité commis par le colonialisme français, mais de leur apprendre également l’enracinement de leurs aînés. Dans le but de préserver la mémoire, Abdelmadjid Tebboune avait décrété, en 2021, l’observation d’une minute de silence le 17 octobre de chaque année, à travers tout le territoire national, à la mémoire des martyrs algériens, tombés dans les massacres du 17 octobre 1961. Il a également institué, en 2020, une journée nationale de la mémoire à l’occasion du 75e anniversaire des massacres du 8 mai 1945. Toutes ces commémorations sont limitées dans le temps et à l’évènement qu’elles représentent. Ce qui n’est pas le cas du 18 février, date glorifiant le patriotisme et le sacrifice, à travers les siècles et les années.
Mohamed Mebarki
Partager :