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Papon et le Chahid

Une fois de plus, la France revancharde et « NostAlgérique » s’est exprimée, et de manière absolument cynique, vis-à-vis de notre pays. Un laconique arrêté de la préfecture de police de Paris a tué dans l’œuf l’espoir des Algériens de France de se retrouver hier, 18 février, place de la Nation, pour célébrer dans la ferveur et le patriotisme l’unité nationale et dire « à bas le régionalisme, le racisme et le séparatisme ! ». Hélas, cette belle manifestation, qui aurait pu rassembler les Algériens de toutes les régions du pays et de toutes les obédiences, l’espace d’une journée, pour saluer la mémoire de leurs ainés, les Chouhada, n’a pu avoir lieu. Il faut croire qu’un segment de la France officielle reste profondément allergique à l’Algérie et à sa Révolution. Cette caste, qui a noyauté l’État profond en Hexagone, agit comme un empêcheur de tourner en rond. Elle fait tout son possible pour saborder les processus de réconciliation entre l’Algérie et la France. Cette partie-là de la France incarne de manière détestable l’extrême droite raciste, qui souffre de migraines à chaque fois qu’il est question d’Algérie. Lisez donc cet horrible exposé des motifs de la préfecture de Paris pour justifier l’interdiction de la manif’ : « En raison de risques de troubles graves à l’ordre public, le préfet de police interdit l’ensemble des manifestations prévues demain dimanche 18 février en commémoration du Chahid d’une part et en lien avec le Hirak d’autre part.» C’est quand même assez osé d’anticiper sur « de risques de troubles graves à l’ordre public », d’un rassemblement qui se voulait pacifique et commémoratif ! Même au plus fort des dimanches du Hirak parisien, la place de la République accueillait des dizaines de milliers d’Algériens, sans qu’un petit verre ne soit cassé. En quoi alors une manifestation censée être festive et rassembler tous les Algériens, abstraction faite de leurs régions, de leurs langues et de leurs convictions, pouvait-elle constituer un motif de peur ? Il n’y a à priori aucune explication possible à cette interdiction, mis à part ce réflexe pavlovien de considérer l’algérien comme un fauteur de trouble potentiel. Qui va donc croire les belles formules et les envolées lyriques du président Macron sur la soi-disant « exceptionnalité » de la relation franco-algérienne ? Difficile de croire que le chef de l’Élysée n’arrive pas à discipliner son attelage gouvernemental, emmené par le jeune Premier ministre Gabriel Attal et son remuant ministre de l’intérieur Gérald Darmanin. À y voir de près, on s’aperçoit qu’il s’agit plutôt d’un savant partage des rôles dans cette histoire, entre un président faussement conciliant, qui s’est engagé dans un travail mémoriel avec le président Tebboune et des ministres régaliens, qui font tout pour court-circuiter cette perspective. La France sous Macron est devenue une souffrance pour l’Algérie et les Algériens, qui ont du mal à comprendre son virage plus à droite. Le sinistre Papon s’est ressuscité en cette journée du Chahid…

Par Imane B.

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