En dépit des moyens humains et matériels conséquents mis à contribution par les agriculteurs concernés, la campagne de cueillette d’olives a été décevante, cette année, dans la wilaya de Souk-Ahras. Bien que ne disposant pas encore des statistiques définitives de la récolte qui s’achève, des sources proches de la Direction locale des Services Agricoles (DSA) affirment que l’on ne dépassera pas les 70.000 quintaux d’olives contre les 108 quintaux attendus. Les acteurs de cette filière en plein développement dans les zones montagneuses de cette région parlent même d’une année noire, en raison des faibles rendements enregistrés dans les communes de Haddada, Ouled Moumen, Kheddara, Mérahna et Sidi Fredj. Des localités situées au nord-est de ladite wilaya de Souk-Ahras, où l’irrigation se fait généralement via le procédé du goutte-à-goutte, fait noter l’un des exploitants que nous avons contacté, en rappelant que les effets de la sècheresse se sont fait particulièrement ressentir durant l’année 2023. Visiblement inquiet, ce quinquagénaire soutient qu’il n’avait jamais vécu de situation aussi inquiétante en vingt ans de carrière. « La saison passée a été tout aussi infructueuse. Si ça ne change pas radicalement dans les prochaines années, ça va être la catastrophe et nous serons bien obligés de penser à nous tourner vers d’autres cultures moins exposées aux caprices de la nature », avertit-il. De leur côté, des spécialistes attribuent, eux aussi, cette baisse de production à des facteurs naturels, qui ont influé négativement sur la production d’olives en Algérie. Il s’agit essentiellement, estiment-ils, du manque de précipitations à des moments clés du développement du fruit, conjugués à des pratiques agronomiques inadaptées à cette spéculation arboricole. Nos interlocuteurs signalent que 2.400 hectares de forêt ont été réservés à cette culture sur une superficie totale exploitée de 6.348 hectares, avec un rendement à l’hectare de l’ordre de 17 quintaux d’olives. Ils imputent cette situation au caractère de production biannuel qui compose la majorité des oliveraies de la wilaya, accentuée par le vieillissement du verger oléicole et les maladies, notamment la mouche de l’olive et le manque, voire l’absence d’entretien des champs. « Les séances de vulgarisation agricole organisées par la direction du secteur, en coordination avec les ingénieurs de l’institut de l’arboriculture fruitière, ont permis d’initier les fellahs concernés aux meilleures méthodes de récolte des olives, en leur apprenant comment trier ces fruits et en extraire l’huile », confie un cadre de la DSA. Il ajoute que les olives récoltées sont transformées dans les quatre pressoirs de la wilaya, dont le plus moderne est entré en production dans la commune de Haddada. Ce technicien déplorera toutefois l’insuffisance des moyens de transformation dont disposent les exploitants par rapport aux 8.318 hectares consacrés à cette culture. Ceci, en rappelant que l’an passé, ce problème s’était déjà posé pour les 47.757 oliviers qui ont été plantés à travers la wilaya sur une superficie de 470 hectares. Il y a lieu d’indiquer que des permis ont été délivrés, il y a deux ans, à des particuliers pour créer trois pépinières à Ouled Driss, M’daourouch et Zaarouria. Des plantations qui sont venues s’ajouter à celles de Taoura, Bir Bouhouche et Mechroha, afin de développer des variétés d’olives locales d’une part, et pour préserver la biodiversité d’autre part.
Ahmed Allia
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