Des journalistes sportifs sont convoqués par la direction des médias au ministère de la Communication pour s’expliquer sur leur obstination à vouloir se placer au-dessus de la loi en persistant dans « l’incitation, la diffamation, la publication et la diffusion de fausses informations diffamatoires. » La mise en garde du ministre et les remarques de l’ARAV ne semblent pas dissuader ces journalistes qui, pour le moins, ont franchi le rubican en matière de dépassements aux obligations d’éthique. C’est suite à la récidive que le ministère de la Communication a affirmé “qu’il n’hésitera pas, à l’avenir, à engager des poursuites judiciaires à leur encontre et/ou leur interdire la couverture de toutes les activités sportives et/ou imputer aux institutions médiatiques auxquelles ils appartiennent les retombées qui en découlent” .Le propos quelque peu diplomatique tenu le 1er février face aux journalistes par Mohamed Laagag qui se garde de faire un procès d’intention à l’égard de la corporation des journalistes, n’éclipse pas, pour autant la gravité causée par le manquement aux règles fondamentales qui régissent l’exercice de l’activité journalistique, heureusement circonscrit dans certains organes et chaines de TV. Il vient opportunément sonner le glas de la débandade qui a cours, arrogeant le droit à certains acteurs de la scène médiatique de fouler aux pieds la loi. Le journaliste n’est pas au-dessus de la loi, celui sportif y compris. Il a l’obligation de respecter l’éthique et la déontologie d’où le métier tire toute sa noblesse. Laagab tient à le rappeler d’autant plus que l’expérience – l’ARAV est bien placée pour le confirmer- a montré que dans certains cas le traitement de l’information, irrespectueux du minima d’éthique, a basculé purement et simplement à la dérive. La liberté de la presse qui est un droit constitutionnel ne doit pas donner prétexte à l’abus de pouvoir et ce, quelle que soit la spécificité de l’activité. Qu’elle soit de caractère politique, économique ou sportif, l’information doit être traitée dans le respect absolu du cadre légal relatif au métier et qui balise clairement les droits et devoirs de l’acteur de la scène médiatique nationale. Le professionnalisme dans le métier de l’information se promeut à l’évidence dans un environnement empreint de l’esprit de responsabilité qui n’est pas contradictoire avec une presse libre. L’invitation du ministre adressée aux journalistes et responsables des médias nationaux pour appliquer le nouveau code de l’information promulgué en août 2023, de la loi sur la presse écrite et électronique et la loi sur l’activité audiovisuelle promulguée en décembre 2023, se veut un appel à l’attachement aux fondamentaux de l’exercice de l’activité journalistique. Et le ministre de rappeler à juste titre que “le journaliste sportif doit faire preuve de professionnalisme, être formé en la matière et respecter les techniques de rédaction journalistique”, appelant la presse sportive à “diversifier davantage la matière informative et à ne pas se contenter de la diffuser”. Ce qui semble être une leçon d’initiation au journalisme qui dicte au journaliste sa responsabilité qui commence par “la vérification de la source de l’information et de sa crédibilité, conformément au nouveau code de l’information”, outre “la vérification de la véracité des informations rapportées” et si elles sont publiables ou non, car parfois, a-t-il dit, “l’on peut renoncer, par responsabilité, à publier une information qui porte atteinte au tissu social, à la stabilité de l’Etat et ses relations avec d’autres pays”, s’avère une recommandation opportune au regard des agissements qui s’éloigne de la pratique journalistique. Et le ministre de préciser dans ce contexte que le journaliste sportif est tenu, de “s’en tenir à sa profession et de ne pas se substituer aux spécialistes, tout comme il doit respecter la déontologie de la profession et la vie privée des personnes, mais aussi le public qui recherche l’information et le divertissement”. Le journaliste n’est en aucun cas le tuteur du lecteur ou de l’auditeur qui ne lui demandent qu’une information crédible traitée d’une manière professionnelle.
Saïd Lamari
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