Tout le monde, et particulièrement les habitants du centre-ville d’Oum El Bouaghi, auront constaté l’état déplorable du chef-lieu de wilaya, croulant depuis plus de trois jours sous les ordures. Ces dernières n’ont pas été ramassées à cause du mouvement de protestation observé depuis le mardi 20 février par les travailleurs de l’unité locale de l’entreprise d’amélioration urbaine, soutenus par des employés des unités d’Ain Beida et d’Ain M’lila.
Voulant connaître les tenants et les aboutissants de ce mouvement qui, s’il perdure, aura un impact plus que négatif sur le cadre de vie des citoyens, nous nous sommes rapprochés des protestataires au siège de l’entreprise. « Nous exigeons la prise en charge de nos revendications réglementaires. Nous travaillons sans convention collective (celle de 2023 a expiré le 31 décembre). Nous voulons un contrat ouvert. Nous n’avons pas reçu la prime de scolarité de nos enfants depuis 2019 (pour 2024, un seul enfant sur quatre en a bénéficié), ni la Prime de Rendement Collective (PRC), alors que nous accomplissons notre devoir quotidiennement en débarrassant la ville des ordures. Nos droits sont bafoués et l’administration refuse le dialogue », nous a déclaré l’un d’entre eux. Un autre n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer la non-perception de toutes les tranches de la prime réglementaire liée à la Covid-19, ni celles dédiées aux allergies. « Nous ne recevons qu’une seule tenue de travail alors que notre mission en exige au moins deux par an. De plus, notre relation avec l’administration, qui ne nous rémunère pas les jours fériés (Aïd), est difficile », ajoutera-t-il. Un travailleur de l’unité d’Ain Beida de l’entreprise de wilaya d’amélioration urbaine dénonce, quant à lui, « la relation tendue avec l’administration » et « la signature du contrat sous la menace ». Il demande pardon, au nom de ses collègues, aux habitants des trois grands centres urbains concernés pour les désagréments causés par ce mouvement de protestation. Rencontré, le directeur de l’entreprise d’amélioration urbaine de la wilaya nous a informés du dépôt de deux plaintes, l’une portant sur l’illégalité du mouvement de protestation et la seconde pour incitation à la grève et obstruction du travail des employés. Concernant les revendications, le premier responsable de l’entreprise a déclaré : « Les travailleurs refusent de signer le contrat de travail depuis le 1er janvier 2024, malgré les tentatives de conciliation en présence de l’inspecteur du travail et du chef de daïra d’Oum El Bouaghi, ainsi que les correspondances envoyées pour organiser des réunions de dialogue. La convention collective existait avant la création de la section syndicale de l’Union Générale des Travailleurs Algériens (UGTA) de l’unité d’Oum El Bouaghi », a-t-il expliqué. Quant à la prime liée à la Covid-19, elle relève de la Direction de l’Administration Locale (DAL). En ce qui concerne la PRC, elle dépend des bénéfices réalisés par l’entreprise, et cette dernière est déficitaire en raison des créances détenues par les communes, telles qu’Ain Beida (plus de 30 milliards), Ain M’lila (près de 32 milliards) et Oum El Bouaghi (14 milliards), dira-t-il. Face à l’urgence de la situation, nous avons fait appel à une entreprise privée et aux services du Centre d’Enfouissement Technique (CET) pour atténuer l’éparpillement des ordures à travers la ville d’Oum El Bouaghi. En attendant, la porte du dialogue est ouverte », souligne notre interlocuteur. Dans l’attente du dénouement de ce conflit, les habitants du chef-lieu de wilaya doivent prendre leur mal en patience.
K. Messaad
Partager :