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L’université rend hommage au doyen des architectes  : Wahid Benbelkacem, cinq décennies de créations

La célèbre expression « nul n’est prophète en son pays » sied parfaitement à Wahid Benbelkacem, le doyen des architectes sétifiens. Après 50 ans de bons et loyaux services, le concepteur d’innombrables projets (logements, établissements scolaires, infrastructures sportives, banques et autres équipements publics de grande utilité), à Sétif et dans différents coins de la wilaya, plie bagage dans l’anonymat total. Il range une longue et riche carrière et une montagne d’archives sans faire de bruit. L’homme qui a consacré sa vie au service de la collectivité se retire sur la pointe des pieds. La commune de Sétif où il a été architecte un bail durant n’a pas jugé utile de l’honorer pour les services rendus. Le Comité Local de l’Ordre des Architectes (CLOA) où il a été actif s’est distingué par un silence sidérant.  Ses membres seront appelés, un jour ou l’autre, à emboiter le pas à Si Wahid, bouclant un parcours plein et abouti. Pour les « oublieux », le jeune retraité a fait partie de la première promotion des architectes de l’Ecole Nationale d’Architecteur et des Beaux-arts d’Alger (ENABA) de l’Algérie indépendante. Encadré par des grandes icônes comme Leon Claro (directeur de l’ENABA) et Georgette Cottin Euziol (architecte franco-algérienne), Wahid qui avait côtoyé de grands artistes comme Ahmed Yssiakem, Chokri Mesli et Denis Martinez pour ne citer que ces grandes « signatures » a, le moins que l’on puisse dire, construit un fond documentaire incommensurable. La récupération de ce trésor estimé à plus de 22 mètres cubes fait son chemin à l’institut d’architecture de l’Université Ferhat Abbes (UFAS) Sétif où une grande cérémonie s’est tenue avant-hier, mardi 27 février. Connue pour ses recherches et son combat pour l’entretien et la préservation du patrimoine architectural de la ville de Sétif et de la région, Assia Samai Bouadjadja, architecte enseignante à l’institut, déclenche le plan. L’idée ne déplait pas à la direction de l’institution pour laquelle la récupération des archives du doyen des architectes sétifiens est une excellente aubaine. Tombant du ciel, ce « cadeau » sera à n’en pas douter une excellente source de documentation pour la communauté. 

« Un patrimoine d’un autre genre »

« Après une longue et riche carrière, Wahid Benbelkacem qui a activement pris part au développement de la ville et de la wilaya de Sétif n’avait pas où mettre ses archives estimées à plus de 22 mètres cubes. Un tel trésor était menacé de disparition. Donnée par un de nos étudiants, l’alerte n’est pas tombée dans les oreilles de sourds. Nous ne pouvions restés insensible face à une telle situation. Appuyé par le directeur de l’institut, un groupe d’enseignants (Amor Ballout, Khaouala Hannachi, Amel Kentache) s’est mobilisé pour récupérer et sauver ce fond documentaire d’une valeur inestimable. L’aide précieuse de nos étudiants nous a permis d’installer une petite partie de ces archives et de découvrir des pépites. Pour achever une aussi grande et complexe opération, nous avons besoin d’archivistes », révèle, à l’Est Républicain, la cheville ouvrière du sauvetage de ce patrimoine d’un autre genre. « En récupérant le précieux bien du doyen des architectes ayant fait les études et le suivi de plusieurs équipements publics et non des moindres, nous avons sauvé une infime partie des archives contemporaines de la cité. Notre démarche n’est pas fortuite. Elle pose la problématique du sort réservé aux archives de nos anciens confrères qui ont cessé toute activité et fermé leur cabinet respectif », précise l’auteure de « Sétif, Patrimoine Architectural moderne ». Pour Faicel Ouaret, architecte et ancien enseignant à l’institut, ce geste est une marque de reconnaissance et de respect envers des aînés qui ont beaucoup donné à la profession et à la formation : « L’initiative est louable à plus d’un titre. Elle honore ses initiateurs, particulièrement Assia Samai Bouadjadja pour laquelle la reconnaissance est une devise immuable. Je voudrais mettre en exergue l’implication des enseignants, des étudiants et de la direction de l’institut d’architecture de l’UFAS. L’hommage de la communauté universitaire sied parfaitement à Wahid Benbelkacem, auteur d’une carrière constante. L’architecte a participé à la modernisation de la ville de Sétif à partir du plan spécial initié en 1969 par le défunt président Houari Boumediene. Il a fait preuve d’une éthique envers ses confrères et ses clients ». Et d’enchainer : « A travers cette cérémonie ne pouvant résumer une carrière de 50 ans, l’encadrement de l’institut a, à mon sens, voulu montrer à ses étudiants une facette du parcours d’un architecte pour lequel le respect strict des principes de la profession était une ligne rouge. Wahid, qui a travaillé essentiellement avec le secteur public, a assuré l’etude et le suivi d’innombrables équipements publics.  Sérieux et rigoureux, le doyen a travaillé avec beaucoup de condescendance. En dehors de l’aspect protocolaire, cette cérémonie fera à mon avis date. Elle permet aux futurs architectes de connaître de près un grand bâtisseur. Elle fera date car le réfèrent remet tout son fond documentaire à l’institut qui s’enrichit », conclut Faicel Ouaret, auteur de plusieurs ouvrages et romans dont « Un amour d’Etienne Dinet ». Nous y reviendrons…

Kamel Beniaiche 

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