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Le sacrifice suprême d’Aaron Bushnell : Ghaza s’en souviendra

Poussé par un sentiment d’extrême désespoir mais également d’une suprême révolte contre le supplice infernal auquel fait face la population de Ghaza, soumise à un déluge de feu continu depuis plus de quatre mois, le pilote américain, Aaron Bushnell s’est éteint suite à un acte d’auto-immolation, à quelques mètres de l’ambassade d’Israël à Washington. « Je ne serai plus complice d’un génocide. Je suis sur le point de m’engager dans un acte de protestation extrême, mais comparé à ce que les gens vivent en Palestine aux mains de leurs colonisateurs, ce n’est pas du tout extrême », a-t-il déclaré dans une vidéo qu’il a réalisée avant de livrer son sort aux flammes. « Free Palestine » ! C’étaient les dernières paroles, qu’il a adressées à une humanité pétrifiée et à une communauté internationale déshumanisée, à tel point qu’elle continue de nier toutes les monstruosités endurées aujourd’hui par les Palestiniens, exposés à un génocide qui n’est pas encore reconnu comme tel, aussi bien par les États-Unis que par la plupart des pays qui tournent dans son orbite. Le geste de Bushnell rappelle le sort réservé à l’activiste américaine, Rachel Corrie, morte écrasée par un bulldozer israélien, alors qu’elle essayait d’empêcher la démolition d’une maison de Palestiniens à Rafah, en mars 2003. Des médias indépendants affirment que ce n’est pas la première fois que de tels actes se produisent aux États-Unis depuis le début du génocide, qu’on continue par hypocrisie d’appeler guerre, sauf qu’ils ont soumis à un black-out total au pays de l’Oncle Sam. Tous les grands médias américains ont réservé au martyre d’Aaron Bushnell le même sort qu’ils ont l’habitude de réserver aux faits divers ! Ils ont vite tourné la page, sans la moindre mention de Ghaza. C’est d’un cynisme absolu, né d’une position contraire aux normes humaines. Mais ce cynisme n’est pas partagé par de larges pans de la société américaine, traversée par une onde de colère sans précédent. « Le système est coupable de crimes contre l’humanité à Ghaza et Aaron Bushnell a adopté une position héroïque. Nous lui rendons hommage ainsi qu’à son sacrifice », a déclaré le Mouvement de la jeunesse palestinienne, une organisation activant en Palestine et en exil. Le geste du pilote américain, qui a refusé de se taire devant ce qui se passe à Ghaza, a ébranlé les consciences mal réveillées d’une grande partie d’un peuple américain pris en otage par le système capitaliste le plus sophistiqué de la planète. Ni la Maison-Blanche, ni le Pentagone, encore moins la CIA, ne sont en mesure d’annihiler son impact, ou du moins l’amortir. Le sacrifice suprême d’un Américain pour une cause qui n’intéresse plus certains régimes arabes, ayant définitivement rompu avec tout ce qui renvoie à l’honneur, pour normaliser avec une entité bâtie sur des théories suprémacistes criminelles, est un tournant historique, dans un monde livré aux doctrines extrémistes. Ses répercussions aux États-Unis pourraient ne pas avoir d’effet à court terme à Ghaza, mais elles sont annonciatrices d’un cataclysme pour la société américaine.

Mohamed Mebarki

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