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Sur une initiative de 23 organisations françaises : La France appelée à reconnaitre la torture pratiquée en Algérie

Le passé colonial français et les crimes commis en Algérie continuent de remonter à la surface. Malgré les tentatives de l’État français de les taire, ils sont constamment rappelés, sommant le gouvernement à les reconnaitre et à les assumer. À la veille de la célébration de la fête de la victoire et du cessez-le-feu, coïncidant avec le 19 mars de chaque année, 23 Organisations Non Gouvernementales (ONG) et associations françaises sont montées au créneau pour exiger la reconnaissance de la torture systématique, pratiquée durant la Guerre de libération nationale. « La reconnaissance officielle et historique permettrait d’ouvrir la voie à une compréhension du fonctionnement et des logiques de l’État, durant une colonisation et une guerre pendant lesquelles la République a contredit les principes dont elle se réclamait », affirment ces organisations, dans un communiqué commun rendu public avant-hier lundi 4 mars. Selon la même source, « depuis la guerre d’Algérie, pendant laquelle des crimes indignes ont été commis sous la responsabilité des plus hautes autorités françaises, et jusqu’à la période récente, des voix se sont élevées, de manière récurrente, pour réclamer que l’État français reconnaisse ses responsabilités dans le recours systématique à la torture durant la répression coloniale ». Ces exigences, précise-t-on, ont été réitérées par différentes associations et personnalités françaises. « En 2000, une lettre adressée au président de la République par douze personnalités appelait “dans un esprit tourné vers un rapprochement des personnes et des communautés et non vers l’exacerbation de leurs antagonismes (…) à condamner ces pratiques par une déclaration publique » et invitait “les témoins, les citoyens à s’exprimer sur cette question qui met en jeu leur humanité » », rappelle le communiqué. Dans la foulée, les signataires soulignent les gestes du président Emmanuel Macron, qui avait reconnu entre 2018 et 2022 les assassinats sous la torture du mathématicien Maurice Audin (1957) et de l’avocat Ali Boumendjel. « Nous reconnaissons avec lucidité que dans cette guerre, il en est qui, mandatés par le gouvernement pour la gagner à tout prix, se sont placés hors la République. Cette minorité de combattants a répandu la terreur, perpétrée la torture, envers et contre toutes les valeurs d’une République fondée sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen », avait déclaré la présidence française, dans un communiqué du rendu public le 18 octobre 2022. Pour ces orientations, cette reconnaissance est « importante » et « courageuse », mais « incomplète ». « La reconnaissance de la torture par l’Élysée n’explique pas les dysfonctionnements de l’État et de ses institutions militaires, administratives et judiciaires, qui ont permis que la théorie de la “guerre contre-révolutionnaire” ait été mise en œuvre. Ni que les “DOP” pratiquant la torture aient été créés au sein de l’armée française, ni que ceux qui l’ont pratiquée aient été promus et décorés alors que ceux qui l’ont dénoncée ont été poursuivis et emprisonnés, ni que des milliers de familles de disparus n’ont jamais reçu de réponse des autorités à leurs demandes, ni que des décrets ont autorisé la censure et la saisie des périodiques et des livres rapportant des faits dans leur vérité », indique le communiqué. Et de préciser : « Cette reconnaissance est également indispensable pour notre présent et notre avenir, car, sans un retour sur cette page sombre de son histoire, rien ne préserve la République française de retomber dans les mêmes dérives ». Enfin, il convient de signaler que parmi les signataires de cette déclaration figurent les associations Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA) et Anciens appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre (ACG), ainsi que la Ligue française des Droits de l’homme (LDH).

Samir Rabah

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