Dans un réquisitoire fort à propos, publié hier vendredi par le site Middle East Eye, dont la parution a coïncidé avec la Journée internationale des droits des femmes, Maryam Al Dossari, conférencière en gestion des ressources humaines et en études organisationnelles au Royal Holloway, université de Londres, et spécialiste dans l’étude des problèmes ayant trait à l’inégalité des sexes au Moyen-Orient, a dénoncé le cynisme et la partialité du mouvement féministe occidental. Tout en exprimant sa révolte devant l’absence d’empathie et d’indignation vis-à-vis du sort réservé aux femmes et aux enfants palestiniens, elle a estimé que cette position « trahit un double standard choquant et une profonde défaillance morale ». À ses yeux, « la situation désastreuse dans laquelle se trouvent les femmes et les enfants palestiniens à Ghaza n’a pas bénéficié d’un plaidoyer aussi fort et passionné. C’est comme si l’ire et le pouvoir féministes se manifestaient de manière sélective, pour les questions qui correspondent à un récit de libération résolument occidental, laissant d’autres questions, comme celles de la Palestine, dans l’ombre ». Selon elle, les plus ardents défenseurs du féminisme occidental contre la violence basée sur le genre semblent avoir réservé leur solidarité aux femmes israéliennes, victimes de violences, d’après la version propagandiste médiatisée par l’État sioniste. Cela, a-t-elle conclu, découle de « préjugés qui n’ont rien de nouveau et sont davantage amplifiés par certains médias, dont la propagande perpétue la tradition troublante d’une représentation trompeuse de la communauté arabe ». « Ce n’est pas la première fois que les féministes occidentales déçoivent. Ce type de féminisme, qui a toujours mis l’accent sur les questions qui plaisent aux goûts occidentaux, ignore souvent les préoccupations des femmes de couleur », dénonce-t-elle. « L’histoire du féminisme impérial ressemble à un disque rayé, répétant les mêmes erreurs sans en tirer de leçons. Drapé dans la noble notion de libération, il impose souvent les valeurs occidentales aux femmes du monde entier, semant le chaos dans son sillage », stigmatise-t-elle. « Cette forme de féminisme ne tient pas compte du fait que les femmes, où qu’elles soient, possèdent leur propre voix et leur propre résistance. Le féminisme impérial perpétue subtilement la notion de supériorité des méthodes occidentales, tout en négligeant la riche mosaïque de points de vue des femmes irakiennes et afghanes, ainsi que les féministes locales qui luttent pour le changement dans leur pays », désapprouve-t-elle. « En Palestine, le sombre cycle de l’histoire se répète. L’impérialisme et le colonialisme occidental tissent leur récit habituel, affirmant que les femmes palestiniennes ont besoin d’être sauvées du Hamas, catégorisé comme groupe terroriste par le Royaume-Uni et dans d’autres États », s’insurge-t-elle. « De jeunes enfants sont également détenus et privés de leurs droits. Cela ne provoque-t-il pas quelque chose en vous, cela ne vous pousse-t-il pas à le dénoncer ? », interroge-t-elle. « Le silence de ceux qui devraient être les plus virulents à l’égard de la violence infligée aux femmes et aux enfants de Ghaza, doublé de leur fixation sur le Hamas, contredit les principes mêmes que le féminisme prétend défendre », constate-t-elle, avant de condamner ce genre d’empathie hypocrite, qui « ignore manifestement les souffrances inconcevables auxquelles sont confrontées les femmes palestiniennes : la faim, le manque d’eau potable et la pénurie criante de produits de première nécessité ». « Certaines mangent de l’herbe pour survivre », rappelle-t-elle, dénonçant le « silence assourdissant, révélant la faillite morale du féminisme occidental qui, trop souvent, ne considère pas les femmes palestiniennes comme dignes de la même empathie que les autres, ce qui revient à les déshumaniser ».
Synthèse M. M.
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