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Avant la visite d’Etat de Tebboune en France : Beaucoup de dossiers à défricher 

Après plusieurs reports, une nouvelle date est fixée pour la visite d’Etat que devra effectuer Abdelmadjid Tebboune en France : ce sera fin septembre ou début octobre. La date précise sera fixée incessamment, selon les deux présidents de la République qui ont échangé, lundi, au téléphone. Cela fait des mois que personne, en Algérie comme en France, ne savait si cette visite officielle du président Abdelmadjid Tebboune en France aura lieu ou pas. Prévue initialement pour la fin de l’année 2022, la visite était reportée une première fois au printemps, puis à l’été 2023. Et elle n’a pas eu lieu pour plusieurs raisons. A commencer par des déclarations, souvent provocatrices, des deux côtés, mais surtout du côté français. Pis, l’affaire Amira Bouraoui, cette activiste algérienne qui a fui le pays clandestinement en février 2023 avec un passeport français a mis en colère les autorités algériennes. Un échange téléphonique entre les deux chefs d’Etat a calmé les esprits. Mais la visite n’a pas pu avoir lieu. Malgré ces couacs, les équipes techniques et administratives des deux Etats ont continué à travailler ensemble sur des dossiers communs. Car, comme l’a dit Abdelmadjid Tebboune lors d’une rencontre avec les médias l’été dernier, il ne s’agissait pas, pour lui, de partir à Paris en « touriste ». Il voulait du concret. Ce qu’a expliqué le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, en décembre dernier lors d’une entrevue avec la chaine qatarie, Al-Jazeera. « En toute sincérité, les conditions de cette visite ne sont pas idoines », avait indiqué le ministre. Il a expliqué cela par le fait que « nous ne sommes pas parvenus à des accords sur cinq grands et lourds dossiers », mais que «nous continuons à travailler dessus », avait-il ajouté, signe que cette visite aura bien lieu. Il s’agit essentiellement de ceux liés à la mémoire. A commencer par la restitution de certains objets symboliques, à l’image de l’épée et du burnous de l’Emir Abdelkader qui nécessité la modification de la loi française sur le patrimoine. C’est aussi le cas des ossements et crânes de résistants algériens qui peuvent désormais être remis à l’Algérie après la signature d’une loi, le 26 décembre dernier, donnant la possibilité au chef de l’Etat de contourner le parlement. C’est aussi le cas des essais nucléaires français dans le Sahara. L’Algérie demande une reconnaissance des crimes, des indemnisations des victimes, une décontamination des sites irradiés et la remise des cartes des essais. Difficile sera aussi le dossier de la circulation des personnes qui sera traité avec beaucoup de prudence des deux côtés. Mais si les deux chefs d’Etats ont fixé une date, c’est parce qu’ils ont estimé que des avancées ont été enregistrées. C’est le cas par exemple de la réunion, en décembre à Constantine, puis en janvier à Paris et bientôt en avril à Alger, de la Commission mixte d’historiens. Le président de la partie algérienne, Lahcen Zeghidi, a indiqué récemment à des journalistes qui l’interrogeaient lors d’une conférence à Tizi-Ouzou, que certains des dossiers, notamment ceux des reliques appartenant à l’Emir Abdelkader qui sont devenues, selon les autorités françaises, « un bien inaliénable » surtout que certaines de ces pièces avaient été remises par les héritiers du Duc d’Orléans, dont les descendants seraient contre leur restitution à une partie tierce. Puis, des responsables français ont expliqué que certains de ces objets avaient été « offerts » par les descendants de l’Emir Abdelkader. Or, « cela a été fait sous domination, donc sous chantage, par les autorités coloniales », a répliqué Zeghidi. En tous cas, un travail titanesque attend les deux délégations avant la définition d’un agenda et d’un parcours de la visite qu’effectuera le chef de l’Etat  à Paris. 

Akli Ouali

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