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Centre de formation pro d’Oued Kouba (Annaba) : L’opposition au directeur atteint son paroxysme Soufiane Sadouki

Au terme de trois ans d’une guerre d’usure sans nom, les enseignants, les formateurs et la majorité des employés du centre de formation professionnelle dOued Kouba sont entrés dans une grève ouverte pour « faire valoir les principes de justice » contre l’ordonnateur du centre, précédemment Adjoint Technique et Pédagogique (ATP). « Abus de pouvoir, non-respect du règlement du centre, menaces verbales, agression physique sur au moins deux employés du centre » : la liste des doléances, accompagnée de documentation légale, ainsi que celle des plaintes, ne cesse de s’allonger depuis l’arrivée de l’ATP en 2021. Pendant près de trois ans, les employés du centre ont tenté de survivre dans un climat de travail qu’ils qualifient de « toxique ». Malgré une multitude de recours, plaintes et dossiers déposés auprès du ministère de la Formation et de l’Enseignement professionnels, de la wilaya d’Annaba, ainsi que de la Sûreté de wilaya et du procureur de la République, rien ne semble avoir été entrepris. Les employés du centre sont stupéfaits, d’autant plus que le nombre d’enseignants est passé de trente à dix formateurs résidents en un temps record. « Je parle de mon propre cas. En 2022, j’ai été agressé dans une salle d’examen et j’ai des documents pour le prouver. J’ai déposé plainte auprès du sixième arrondissement de la Sûreté et auprès du procureur de la République, mais aucune action n’a été entreprise », a expliqué un formateur. « Il m’a attaqué dans un couloir, m’a violemment poussé et je suis tombé sur mon épaule. Nous avons porté plainte, mais il ny a eu aucune suite. Pour couronner le tout, on m’a retiré mes fonctions de surveillance », a raconté une surveillante du centre. Une cheffe du centre a témoigné : « Je suis chef de service par intérim depuis un an dans l’établissement. Il m’a frappé en présence du directeur de la wilaya de la Formation professionnelle ». Un rapport a été rédigé suite à cet incident, avec le soutien de l’ensemble des employés du centre, mais sans suite.  Pendant cette période, le centre s’est retrouvé sans directeur, jusqu’au 17 décembre 2023, date à laquelle un jeune directeur compétent a été nommé à sa tête. En l’espace de quelques mois, ce nouveau directeur s’est attelé à résoudre les problèmes et les handicaps du centre, commençant par l’éclairage défaillant qui persistait depuis les vingt dernières années. En un temps record, le nouveau directeur a réparé le portail et pris en main l’organisation du centre, travaillant main dans la main avec l’ensemble des employés pour résoudre les problèmes et améliorer les conditions de travail. Face aux problèmes, plaintes et doléances émanant de presque tout le personnel à l’encontre de l’ATP, le directeur a pris la seule mesure qui s’imposait en tant que responsable du bon fonctionnement du centre, en s’appuyant sur la force de la loi et du règlement. Cela impliquait l’application des articles de loi régissant la fonction publique, en l’occurrence une faute de quatrième degré. Une procédure disciplinaire a été entamée en février, et à ce stade, le résultat était prévisible compte tenu des charges, de l’épaisseur du dossier et des témoignages, plaintes et documents accumulés sur trois ans. C’est du moins ce que prévoyaient les articles de loi régissant la fonction publique, auxquels le directeur, la commission paritaire et tous les autres intervenants étaient soumis. « À la grande surprise de tous, c’est le directeur du centre qui a été destitué de ses fonctions, avec effet immédiat. L’ATP a été désigné ordonnateur du centre, alors qu’il n’en a pas les qualifications. C’est une épée de Damoclès qui plane désormais au-dessus de nos têtes ! », ont expliqué les employés du centre. Cette nouvelle a eu l’effet d’une étincelle mettant le feu à un entrepôt de barils de poudre qui n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis trois ans. Plus de compromis, de promesses ou de négociations. Depuis le renvoi du directeur apprécié et respecté de tous les employés, ces derniers sont entrés dans une grève ouverte et un soulèvement pacifique pour soutenir le directeur sortant, mais pas seulement. À ce stade, les employés du centre de formation dOued Kouba, plus solidaires que jamais, sont décidés et déterminés à ne pas baisser les bras et à faire respecter les principes de loi et d’ordre qui régissent l’Algérie. La grève est toujours en cours et les protestataires disent ne pas compter se taire, allant rencontrer les autorités compétentes pour lever le voile sur cette affaire qui s’envenime depuis déjà trois ans.

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