Un grand événement dans le parcours du recouvrement de la souveraineté nationale et de la liberté du peuple algérien. La Révolution du 1er Novembre 1954, profondément ancrée dans la mémoire du peuple algérien, est loin d’être un simple souvenir consigné dans les pages d’histoire et la mémoire des individus. Bien au contraire, elle inspire liberté, dignité et fierté, des sentiments qui animaient les artisans de cette glorieuse épopée. Sentiments d’avoir contribué à libérer la terre et le citoyen algérien du joug colonial, qui avait saigné les richesses du pays et retardé son développement naturel en tant que société. Le déclenchement de la révolution armée a été, à bien des égards, un événement grandiose dans le parcours du peuple algérien, un événement qui a marqué l’histoire du XXe siècle, vu les conditions qui prévalaient, mais aussi parce qu’il a constitué une rupture avec les formes de lutte politique précédentes, qui ont mené le mouvement national à une impasse, devant le refus de l’occupant d’accorder la moindre concession à ses revendications légitimées. En ce sens, la proclamation du Premier Novembre 1954 était annonciatrice d’un changement radical dans ce processus de lutte, en fixant pour objectif premier de la lutte armée l’indépendance nationale par l’instauration de l’État algérien souverain, démocratique et social, dans le cadre des principes islamiques, le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de race ni de confession. La proclamation du 1er Novembre a unifié les forces militantes dans le creuset de la lutte armée. Et c’est grâce aux victoires militaires sur le terrain, à la combativité des moudjahidine, à la solidarité du front interne, aux succès diplomatiques sur le plan international, avec la reconnaissance du juste combat du peuple algérien, que la révolution algérienne a réussi à contraindre la France à s’asseoir à la table des négociations et à reconnaître enfin le droit du peuple algérien à l’autodétermination et à l’indépendance. Le chemin de ces négociations a été long et fastidieux, du fait des tergiversations et manœuvres de la France qui, jusqu’au bout, a cherché en vain des solutions de rechange (opposer au représentant légitime du peuple algérien d’autres interlocuteurs, partition du Sahara, etc.) pour retarder l’échéance. Mais la réalité du terrain exprimée par les victoires militaires, en dépit des lignes Challe et Morice, ainsi que la réponse claire et nette du peuple algérien, à travers son adhésion en masse et son soutien indéfectible au Front de Libération Nationale FLN (manifestations du 11 décembre 1960, du 17 octobre 196, etc.), avaient fini par contraindre De Gaulle à négocier avec le FLN. Après les échecs des rencontres de Melun, du 25 au 29 juin 1960, de Lucerne et de Neuchâtel, du 5 au 31 mars 1961, les négociations reprennent à Évian le 20 mai 1961.
Les premières négociations d’Évian
Les négociations d’Évian se sont tenues du 20 mai au 13 juin 1961. La délégation algérienne se composait de Krim Belkacem, Mohamed Seddik Benyahia, Ahmed Francis, Saâd Dahleb, Rédha Malek et Ahmed Boumendjel.À ces premières négociations, la délégation française avait insisté sur la séparation de la question du Sahara, la conservation de Mers El Kebir et la participation d’autres représentants du peuple algérien. Mais ces conditions ont été rejetées par la partie algérienne. Un moment suspendues, les négociations reprennent à Lugrin du 20 au 28 juillet 1961 et débouchent sur un nouvel échec. Suite à la reconnaissance officielle par De Gaulle de la souveraineté algérienne sur le Sahara, les contacts reprennent les 28 et 29 octobre 1961, puis le 9 novembre 1961 à Bâle (Suisse), réunissant Rédha Malek et Mohamed Seddik Benyahia, côté algérien et Chayet et Deleusse, côté français. Ensuite, les 9, 23, et 30 décembre 1961, la délégation algérienne conduite par Saâd Dahleb et française par Louis Joxe se rencontrent dans la ville des Rousses, pour discuter de la phase de transition et des questions afférentes, telles que l’amnistie générale et la coopération bilatérale. Une fois la partie algérienne assurée que ses principales revendications politiques étaient acceptées, l’avant-dernière phase des négociations s’ouvre aux Rousses le 11 février 1962 et se poursuit jusqu’au 18 février. Après que le négociateur algérien eut garanti le respect des principes fondamentaux et de souveraineté à travers les négociations qui s’étaient déroulées aux Rousses et après l’approbation par le Conseil National de la Révolution Algérienne (CNRA) des minutes des pourparlers des Rousses, il s’est déclaré prêt à entamer la phase finale des négociations.
Les négociations d’Evian II
Conduite par Krim Belkacem, la délégation algérienne retrouve son homologue française, pour ce qui sera l’ultime round des négociations, qui s’étalera du 7 au 18 mars 1962 et sera couronné par l’annonce de la signature des Accords d’Évian, la proclamation, du cessez-le-feu, la détermination d’une période transitoire et l’organisation du référendum d’autodétermination. Les accords historiques d’Évian consacraient les sacrifices du peuple algérien et concrétisaient le projet de l’État national, dont les fondements avaient été posés par l’Émir Abdelkader. Au Congrès de la Soummam a été élaboré le socle sur lequel devait reposer l’État algérien indépendant et les Accords d’Évian ont couronné cet effort révolutionnaire, visant à concrétiser le projet national. Le résultat du référendum est venu en toute logique confirmer les aspirations à l’indépendance et la restauration de l’État algérien un certain 5 juillet 1962. La célébration du 62e anniversaire de la victoire est l’occasion de se remémorer les sacrifices consentis par le peuple algérien, afin de recouvrer sa souveraineté et son indépendance, mettant ainsi un terme à 132 années d’occupation coloniale. Elle pousse également chacun à s’inspirer des leçons de cette épreuve, afin de poursuivre le processus de développement du pays et de le défendre contre toute menace potentielle, dans le respect de ses principes et valeurs authentiques.
Ammar Zitouni
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