Dans l’impossibilité de le rompre de façon unilatérale, l’Algérie a toujours insisté pour rediscuter l’accord d’association avec l’Union européenne, à partir d’une nouvelle approche équitable pour les deux parties. Déjà dès 2002, année à laquelle cet accord a été conclu, avant son entrée en vigueur en 2005, des économistes algériens avaient alerté sur ses retombées désavantageuses pour l’Algérie. Sa remise en cause est devenue depuis l’investiture de Tebboune à la magistrature suprême une des priorités de l’État. Le président de la République en a fait une question de principe. Lors d’un Conseil des ministres tenu en novembre 2021, Tebboune avait appelé à une révision de l’accord et à sa redéfinition sur de nouvelles bases. Il avait instruit le gouvernement, dans le cadre des concertations avec l’Union européenne, à revoir les dispositions de l’accord d’association « clause par clause », en fonction d’une vision souveraine et d’une approche « gagnant-gagnant », en tenant compte de l’intérêt du produit national, en vue de mettre en place un tissu industriel performant et de créer des postes d’emploi. En mars 2023, le chef de la diplomatie de l’UE avait annoncé que Bruxelles s’en tenait à l’accord d’association avec l’Algérie, malgré la suspension des travaux au sein du Conseil d’association, suite à la crise avec l’Espagne. « L’accord d’association entre l’Union européenne et l’Algérie est notre pierre angulaire avec un voisin très important. Nous pensons que cet accord contient les éléments nécessaires, qu’ils soient juridiques ou institutionnels, pour atteindre nos objectifs communs, y compris ceux compatibles avec les intérêts des deux parties », a déclaré Josep Borrell. « Bruxelles est prête à écouter des propositions concrètes, selon les règles stipulées dans l’accord et sur la base de ce que l’UE fait déjà avec d’autres partenaires », a-t-il ajouté, laissant la porte ouverte à toute issue en mesure de dépasser le statu quo. En tout cas, c’est ce qui semble sortir des propos du chef de mission adjoint à la délégation de l’UE en Algérie, qui a estimé que les deux parties doivent réviser l’accord d’association signé « pour en faire un instrument de renforcement du partenariat entre l’Algérie et les pays européens, dans un esprit gagnant-gagnant ». La délégation de l’Union européenne en Algérie et l’Agence Algérienne de Promotion de l’Investissement (AAPI), qui viennent d’échanger à ce sujet, ont réaffirmé leur volonté d’arriver à des solutions favorisant « l’amélioration du climat des affaires, la promotion des investissements étrangers et la création des conditions d’une relance verte et durable ». Lors de la réunion, à laquelle ont assisté le chef de mission adjoint à la Délégation de l’UE en Algérie, le directeur général de l’AAPI, des représentants du ministère des Affaires étrangères, du ministère du Commerce, des chefs d’entreprises algériens et européens et des représentants des chambres de commerce européennes, l’accent a été mis sur la nouvelle loi relative à l’investissement, le nouveau cadre législatif relatif au foncier économique et le rôle des zones franches dans l’attraction des Investissements Directs Étrangers (IDE). Des changements notables ont été opérés en Algérie depuis quelques années et toutes les conditions sont en train d’être réunies pour inciter les opérateurs européens à intensifier leurs investissements en Algérie. Il y a lieu de noter que la valeur des investissements de l’UE depuis la mise en œuvre de l’accord d’association entre les deux parties « n’a pas dépassé 13 milliards de dollars entre 2005 et 2022, soit 5 % de la valeur des échanges commerciaux entre les deux parties, qui ont dépassé 340 milliards de dollars durant cette période ».
Mohamed M.
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