Des espaces verts, aménagés dans les différents quartiers de la ville de Berrahal, située à trente kilomètres à l’ouest d’Annaba, ont été, le moins que l’on puisse dire, « massacrés » par des bovins noctambules. Par la force des choses, la ville est confrontée à l’omniprésence des troupeaux de bovins en milieu urbain, dont le nombre donne inévitablement lieu au surpâturage. En effet, les vaches sont des animaux herbivores qui peuvent causer des dommages aux espaces verts et aux jardins urbains en broutant et en piétinant la végétation. Cela peut conduire à une perte de biodiversité locale et à une dégradation des habitats naturels pour d’autres espèces. Malgré les menaces de la commune de procéder à la saisie des animaux d’élevage qui errent en ville, la situation n’a pas changé d’un iota. Pour beaucoup d’habitants, la ville de Berrahal se ruralise. Malgré l’intervention du wali d’Annaba dans ce contexte, l’image qu’elle renvoie est celle d’une ville qui se laisse aller. Lorsqu’on traverse certaines cités urbaines le soir venu, l’une des premières images qui saute aux yeux est la présence des vaches déambulant librement, surtout aux alentours directs de chaque dépôt d’ordures ménagères. En effet, ces animaux pour lesquels la pollution urbaine est nocive mais évitable, viennent brouter dans les dépôts d’ordures ménagères, continuellement débordés par des produits de plus en plus caloriques en ce mois de Ramadhan. Parfois, ces espaces « vitaux » sont acquis après de rudes combats entre bovins. Plus grave encore, ces déchets domestiques peuvent contenir une variété de substances toxiques et potentiellement dangereuses, comme des produits chimiques, des plastiques et des métaux lourds. Lorsque les vaches consomment ces déchets, elles risquent d’ingérer des substances qui peuvent contaminer leur chair et leur lait, entraînant également des problèmes de santé pour les consommateurs humains. Cette situation, qui a engendré des désagréments néfastes, notamment au boulevard principal, n’a pas trouvé jusqu’à présent une oreille attentive malgré les appels des habitants. Un phénomène qui a fini, au fil des jours de ce mois de carême, par « empoisonner » la vie quotidienne de nombreux habitants, sans que cela ne dérange personne. « Ce qui est absurde est que l’on fait comme si de rien n’était et on continue son chemin, faisant semblant de ne pas voir. Cela est valable pour tous les habitants et les personnes censées veiller et protéger la ville. Il ne faudra pas s’étonner de voir un jour des bovins faire la queue devant une pizzeria », a tenu à dénoncer un habitant de la cité des 400 logements, devenue également une plaque tournante du trafic de drogue et le lieu de prédilection des vendeurs illicites de fruits et légumes. Ainsi, à Berrahal, parfois la fiction rejoint la réalité. Certains « éleveurs » défient ouvertement la loi de la République. Notamment en début de soirée, ces vaches occupent les bacs à ordures de tous les quartiers de la ville. Elles se retrouvent malheureusement à guetter les décharges ménagères comme un faucon guette sa proie. Les habitants disent ainsi attendre une réaction rigoureuse des pouvoirs publics à l’encontre des « faux éleveurs » qui gangrènent la ville.
B. Salah-Eddine
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