À Annaba, le décalage entre les engagements des plus hautes instances du pays en matière d’humanisation des rapports des services publics avec le citoyen et leur concrétisation sur le terrain semble être aussi vaste qu’un océan. Ce qui se passe dans certaines infrastructures publiques, à l’image de la conservation foncière d’El-Hadjar, dont la mission est justement d’être au service des citoyens, est à des lieues de ce que promettent nos responsables. Bien au contraire, on est amenés à constater surtout le mauvais traitement réservé au public. En effet, la frustration gronde parmi les notaires et leurs clients relevant de la compétence administrative de la commune d’El-Hadjar. Les documents essentiels, tels que les livrets fonciers, sont délivrés au compte-gouttes par l’inspection de la conservation locale. Cette situation intenable trouve ses racines dans une administration sous intérim, conséquence des affaires scandaleuses qui ont secoué cette conservation. Depuis que la directrice a été condamnée à une peine de prison ferme en 2022 pour des actes répétés de faux et usage de faux sur des documents officiels, l’intérim perdure. Il s’agit du conservateur de la commune de Berrahal qui assure cette transition depuis. Une situation qui exacerbe le mécontentement des notaires et de leurs clients, affectant directement leurs activités. Selon les victimes de cette situation, l’intérimaire « ne répond pas aux besoins pressants des administrés ». Il est reproché au conservateur en poste « d’accorder à peine une heure par semaine » à la conservation d’El-Hadjar, laissant ainsi les cabinets notariaux dans l’impasse. Les notaires et leurs clients déplorent l’absence de mesures concrètes pour mettre fin à cette situation préjudiciable. « Il faut savoir que l’actuel conservateur de la commune de Berrahal a été toujours retenu par sa direction régionale aux fins d’assurer les intérim. Il a eu à gérer les affaires de la direction de la Conservation d’Annaba pendant deux années suite au départ de son responsable avant de passer à celle d’El-Hadjar où il était l’adjoint de la conservatrice pendant des années. Une fois par semaine, il accorde un court passage à la conservation d’El-Hadjar sans pour autant répondre aux grands besoins des administrés », relèvent des officiers publics. Ils interpellent directement le wali d’Annaba, Abdelkader Djellaoui, afin qu’il prenne des mesures pour rétablir l’ordre et l’efficacité au sein de l’administration locale. D’autant que cela relève de la politique du président Abdelmadjid Tebboune, qui combat la bureaucratie et œuvre pour rapprocher l’administration des citoyens. Malgré l’urgence de la situation, plusieurs candidats compétents auraient postulé pour ce poste vacant, en vain. Cette « inertie » de la direction régionale laisse perplexes les administrés, qui sont de plus en plus exaspérés par cette déliquescence administrative qui nuit non seulement à leur confiance envers l’administration, mais aussi à leurs intérêts les plus élémentaires.
B. Salah-Eddine
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