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La famine s’installe inexorablement à Ghaza, observe la CIJ : Tel Aviv va-t-elle se soumettre à l’injonction ?

La Cour internationale de justice vient d’ordonner à Israël d’assurer une aide humanitaire « de toute urgence » à Ghaza, avant que la famine ne s’installe inexorablement sur l’ensemble de l’enclave palestinienne, dont la population fait face depuis le 7 octobre à une véritable opération d’extermination. L’ordonnance publiée jeudi répond à une demande début mars de l’Afrique du Sud à la CIJ d’imposer à Israël des « mesures conservatoires additionnelles » à celles annoncées le 26 janvier. Devant le génocide auquel est toujours exposé le peuple palestinien, le pays de Mandela avait réagi conformément aux principes hérités de la lutte contre l’apartheid ignoble pour administrer une leçon magistrale aux chantres des droits de l’Homme et de la liberté, en saisissant en urgence la plus haute juridiction des Nations unies pour qu’elle enjoigne à Israël de suspendre immédiatement ses opérations militaires dans la bande de Ghaza. En réponse à la requête sud-africaine, la CIJ avait appelé l’Etat d’Israël à « faire tout son possible pour empêcher tout acte de génocide » et ne pas entraver l’entrée de l’aide humanitaire. Une décision, qui ne condamne pas explicitement l’entité sioniste, mais qui ne contredit pas la requête de l’Afrique du Sud. L’aspect positif de ce verdict, c’est que la CIJ se déclare compétente pour instruire la plainte déposée contre Israël pour « génocide ». Aujourd’hui, alors que le spectre d’une famine généralisée plane sur Ghaza, la CIJ adresse une injonction à Israël « conformément aux obligations lui incombant au titre de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide ». Dans son ordonnance publiée jeudi, la Cour note que « les Palestiniens de Ghaza ne sont plus seulement exposés à un risque de famine, mais doivent désormais faire face à une famine qui s’installe ». Quelle sera la réponse d’Israël ? Va-t-elle se soumettre à l’injonction de la CIJ qui lui ordonne de veiller « sans délai » à ce que soit assurée « sans restriction et à grande échelle la fourniture par toutes les parties intéressées des services de base et de l’aide humanitaire requis de toute urgence », sachant que les ordonnances de la CIJ sont certes contraignantes, sauf que cette instance n’a aucun moyen de les imposer sur le terrain ? Assurément pas tant que les puissances occidentales et à leur tête les Etats-Unis n’ont pas adopté une position intransigeante en faveur d’un cessez-le-feu immédiat. Ce qu’il faut, a estimé l’ONG Médecins sans frontières, c’est un cessez-le-feu immédiat et durable, l’arrêt de toutes les attaques contre les installations et le personnel médical, et « une aide humanitaire sans entrave à Ghaza ». Hier vendredi, les bombardements israéliens ont de nouveau frappé la bande de Ghaza, y compris Rafah, faisant des dizaines de morts. « Il n’y a pas un autre endroit dans le monde où un aussi grand nombre de personnes font face à une famine imminente », a déploré jeudi sur X (ex-Twitter) Matthew Hollingworth, chargé des territoires palestiniens au Programme alimentaire mondial. Dans une vidéo postée sur Instagram, un journaliste palestinien a affirmé que la distribution de l’aide humanitaire est devenue chaotique. « Les convois sont stoppés sur la route quelques centaines de mètres après le barrage militaire israélien. Ils sont pillés par des milliers de personnes, au détriment des communautés plus au Nord qui avaient difficilement accès à l’aide », a-t-il indiqué. Alors que les chefs de clans à Ghaza ont commencé à sécuriser les convois en coordination avec la police du Hamas, pour permettre à l’aide de monter plus au nord pour être stockée, « l’armée israélienne n’a pas apprécié cette situation et a bombardé la plupart des entrepôts qui contenaient de la nourriture. Il n’y avait plus aucun moyen sûr de distribuer l’aide », a souligné le journaliste palestinien. La tragédie palestinienne a également donné lieu à l’apparition d’un phénomène aussi inhumain que la famine et la guerre : l’entrée en scène de parrains aux méthodes mafieuses, à qui le blocus de Ghaza a permis d’amasser toute une fortune d’argent sale, fruit de contrebande, racket, trafic d’êtres humains.

Mohamed Mebarki

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