Ce n’est un secret pour personne, dans la wilaya d’El Tarf, des entreprises et des bureaux d’études qui se comptent sur les doigts d’une seule main parviennent à s’accaparer du plus grand nombre de projets et d’opérations, que ce soit dans le cadre des programmes sectoriels ou des Programmes Communaux de Développement (PCD). Au même moment, de nombreuses entreprises ne parviennent plus à obtenir la moindre opération, ce qui les oblige à mettre la clé sous le paillasson.
Ce constat est palpable mais beaucoup parmi les personnes au fait de cette situation n’arrivent pas à le comprendre. « Comment s’expliquer qu’une entreprise naissante parvienne à décrocher des projets d’un montant de presque 30 milliards ? », dira, dépité, un gérant d’une vieille entreprise. Dans bon nombre de cas, la qualité des travaux laisse à désirer. En somme, c’est l’argent du contribuable qui part en fumée, avec, comble de l’ironie, la relance, quelques années plus tard, de la même opération, avec bien sûr des entourloupettes qu’il n’est pas nécessaire de mentionner et que beaucoup parmi les gens avertis peuvent deviner. Cette mainmise concerne aussi les bureaux d’études, au nombre de quatre, auxquels revient la part du lion en matière d’études et de suivi, au moment où d’autres peinent à obtenir des contrats, se retrouvant souvent contraints de recourir à la sous-traitance pour éviter de fermer boutique. Cette situation n’est pas le fruit du hasard, mais plutôt le résultat de stratagèmes et de manigances dont seuls les maîtres de ce jeu ont le secret. Tout cela ne serait pas possible sans la complicité de certains responsables, se trouvant à différents niveaux. C’est le cas au sein d’une direction stratégique, où le comportement d’un responsable est sur toutes les lèvres dans plusieurs entreprises, voire même parmi certains fonctionnaires travaillant dans le même secteur que lui. A chaque soumission, ce responsable favorise par avance l’entreprise qui va le soudoyer. Ainsi, il se permet, dans le plus grand secret, d’éliminer celles ayant un dossier solide et une offre de service raisonnable, en les disqualifiant en retirant un document quelconque. Approché sur cet état de fait, le nouveau directeur de ce secteur nous a confirmé ces allégations que plusieurs entreprises lui ont rapportées. Il nous a assuré, d’emblée, que des mesures seront prises pour mettre cette personne à l’écart et pour assurer que les soumissions se feront désormais dans la transparence totale, sans favoritisme. Ce jeu de chandelles, de « je te donne, tu me donnes », est palpable dans de nombreuses communes, où un maire, un secrétaire général, des élus et des responsables gravitant autour des projets parviennent également à en tirer profit, bien que cela ne les honore pas. Cette frénésie vers l’enrichissement illégal au détriment des intérêts de l’État et du contribuable touche également des fonctionnaires, identifiables par leurs signes extérieurs de richesse, travaillant dans certains secteurs et administrations faciles à deviner.
Iheb
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