Les budgets sont mis à rude épreuve ces jours-ci à Souk-Ahras, où les familles sont en train de procéder à l’achat de vêtements neufs pour leurs rejetons en prévision de la fête de l’Aïd al-Fitr, considérée comme la fête des enfants dans notre culture populaire. Les parents sont ainsi obligés d’habiller leurs progénitures pour la circonstance sans trop rechigner.
Effectivement, les prix affichés sont, pour la plupart des articles proposés, hors de portée des faibles revenus. Ceux destinés aux fillettes sont les plus chers : une robe d’importation avec accessoires peut atteindre jusqu’à 15.000 dinars, pour ne citer que cet exemple. Déjà échaudés par les tarifs exorbitants des ingrédients de la marmite de la meida du f’tour, qui ont atteint cette année une inflation inouïe, particulièrement durant le mois sacré, dégrisant sérieusement les bourses les plus confortables, les foyers ne savent plus où donner de la tête pour faire face à toutes ces exigences. Beaucoup de familles recourent ainsi au prêt bancaire en déposant en hypothèque leurs objets de valeur, sinon auprès de leurs parents ou amis en meilleure situation financière. Les organismes de bienfaisance participent certes à l’aide des familles nécessiteuses, mais cela reste très insuffisant vu la prolifération de la précarité qui touche une frange importante de notre société en ce mois sacré. Faut-il rappeler que celui-ci est censé être celui de la modération dans la consommation sous toutes ses formes. Or, les dépenses, particulièrement pour les produits alimentaires, sont nettement plus importantes que le reste de l’année. « Pour les mêmes articles pratiquement, les prix ont presque doublé. Comment voulez-vous que les familles frappées par le dénuement puissent faire plaisir à leurs enfants ? Les marchands n’ont aucune pitié pour ces pauvres gens, leur seul souci est d’engranger le maximum de gains. En fait, le Ramadhan est devenu pour une certaine catégorie de commerçants une source d’enrichissement au mépris de toute morale religieuse. L’essentiel pour eux est de plumer au maximum les consommateurs, sans tenir compte de leur situation sociale », s’insurge une vieille dame interpellée aux portes d’un magasin de prêt-à-porter pour enfants.
Hamid Fraga
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