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L’indicible vécu à Ghaza : Des mots au-delà du désespoir

Parler de conditions de vie à Ghaza c’est faire preuve d’un euphémisme extrême pour atténuer l’impact d’une réalité implacable. Cette manière d’agir dans le but de ne pas heurter les âmes sensibles, s’est avérée non productive sur le plan médiatique ; particulièrement en termes de retour d’écoute. Utilisée aussi bien par les médias que par les ONG ou les organisations onusiennes à l’effet d’amoindrir l’information, son usage est souvent lié à une perception politique dissimulée. Les exemples d’une telle méthode ne manquent pas. « Sous le ciel chargé de tensions à Rafah, Malak Ayoub déploie son cerf-volant au-dessus de la frontière avec l’Egypte, où elle se rend quotidiennement avec ses proches pour échapper aux fracas des bombardements israéliens dans la bande de Ghaza ». « J’aime l’Egypte. Mon souhait est d’y voyager comme mon cerf-volant ». Ces courts passages sont tirés d’un reportage sur la vie des déplacés palestiniens à Rafah publié par une grand agence de presse au moment où l’Unicef évoque une situation, qui « a atteint des sommets en matière de chapitres les plus sombres de l’histoire de l’humanité ». C’est ce qu’a déclaré le porte-parole de cette organisation depuis Rafah. S’exprimant en visioconférence depuis cette ville située à la lisière de l’Egypte, le porte-parole du Fonds des Nations unies pour l’enfance a rapporté « des propos déchirants, des mots au-delà du désespoir » venant de jeunes Ghazaouis. « Les conditions de vie dans la bande de Ghaza sont devenues tellement épouvantables que certains adolescents ont déclaré espérer être tués afin de mettre fin à ce cauchemar, a indiqué James Elder. « Hier, l’Unicef s’est assis avec des adolescents, dont plusieurs ont dit être si désespérés qu’ils voulaient tellement que ce cauchemar prenne fin au point qu’ils espéraient être tués », a-t-il dit, lors d’un point de presse régulier de l’ONU. « L’indicible est régulièrement raconté à Ghaza », a-t-il ajouté. Tout le monde reconnait explicitement que la bande de Ghaza, assiégée par Israël, est au bord de la famine, mais les appels adressés à l’Etat sioniste afin qu’il ouvre davantage de points de passage vers le territoire palestinien sont demeurés lettres mortes. Pire, le porte-parole de l’Unicef a affirmé qu’entre le 1er et le 22 mars, un quart des 40 missions d’aide humanitaire dans le nord de Ghaza ont été refusées. « Il existe un ancien point de passage qui pourrait être utilisé dans le nord, à 10 minutes de l’endroit où ces personnes supplient pour avoir de la nourriture. A 10 minutes. En ouvrant ce point de passage, nous pourrions mettre fin à cette crise humanitaire en l’espace de quelques jours. Mais il reste fermé », s’est-il insurgé. A Ghaza, a-t-il conclu, « l’aide vitale est entravée, des vies sont perdues, la dignité est bafouée ». Le bilan rendu public par le ministère de la Santé au niveau de l’enclave fait état de 32.782 morts recensés, sans compter les milliers de corps restés sous les décombres. Et ce bilan pourrait fort bien doubler, voire tripler du fait « de la combinaison mortifère entre la poursuite des bombardements, l’aggravation de la famine et la diffusion des épidémies au sein d’une population littéralement à bout de souffle ».

Mohamed M/Ag

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