Après plus de 33 ans à la tête du Centre de Chirurgie Infantile (CCI) du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Sétif, le professeur Zinedine Soualili quitte la chefferie de la structure avec le sentiment du devoir accompli. Ayant consacré une grande partie de sa vie au service de la chirurgie infantile, l’enfant de Langar – l’un des plus vieux quartiers du centre de l’antique Sitifis – range le bistouri, sans pour autant quitter son service. Pur produit de l’école algérienne postindépendance, Pr. Soualili, de la trempe des grands chirurgiens pédiatriques, ne pouvait remettre le témoin sans un hommage à la dimension de ses incommensurables états de services. « J’ai fait mes études en sciences médicales à la faculté de médecine de Sétif, alors nouvellement créée, à la fin des années 1970 et début des années 1980. J’ai effectué la post-graduation à la faculté de médecine de Constantine où officiaient de grands maitres de la chirurgie algérienne, comme le défunt Pr. Yahia Guidoum et les Pr. Cheramane et Makhlouf Dib, les autres icônes de la médecine algérienne. Je ne pourrais oublier les Pr. Abou El Oula et Boukli d’Oran, lesquels ont influencé mon parcours professionnel. La chirurgie pédiatrique m’a attiré dès mon plus jeune âge pour plusieurs raisons, dont la plus importante a été le fait que j’ai subi une intervention chirurgicale à l’âge de 11 ans à Constantine. Cette spécialité est un autre monde. L’enfant et un être humain en croissance qui n’arrive pas à communiquer, ou très peu, jusqu’à l’âge de 10 ans. Sa fuséologie est tout à fait différente de celle de l’adulte. Le volume sanguin d’un nourrisson de six à huit mois est d’aviron 700 centimètres cubes et non de cinq litres, d’où la nécessité de poser le bon diagnostic et d’être efficace et rapide au cours de l’intervention chirurgicale », nous dira Pr. Zinedine Soualili.
Une longue et riche carrière
« La réalisation du centre de chirurgie infantile de Kaaboub a été un grand travail d’équipe. Sans le soutien du feu Dr. Djamel Eddine Bouhali et du Pr. Hamdi chérif Mokhtar, le CCI n’aurait pas vu le jour. A propos des actes chirurgicaux, ils dépasseraient plusieurs centaines. Les six années (2010-2016) passées à la tête du conseil scientifique du CHU n’ont pas été positives parce qu’on a pu inscrire un deuxième CHU devant prendre le relais l’actuel, dépourvu d’au moins 22 spécialités. Je suis en outre fier d’avoir formé une centaine de chirurgiens dont certains sont actuellement professeurs. J’ai été à de moult congrès nationaux et internationaux où j’ai participé par de nombreuses et remarquées communications », nous confie le membre de la société algérienne de chirirugie pédiatrique depuis 1990. Et d’ajouter : « Je pense que le moment est propice pour passer le témoin à la professeure Touabti qu’on présente plus. Je suis rassuré car le CCI est entre de bonnes mains. Pr. Touabti, qui a fait ses preuves à El Eulma où elle a laissé ses empreintes et réalisé un travail titanesque, a les compétences pour insuffler une nouvelle dynamique au CCI de Sétif. Pour ma part, je ne ménagerai aucun effort pour lui apporter aide et soutien. Sans exagération aucune, elle a le potentiel pour continuer le travail réalisé et poursuivre l’œuvre d’édification d’un grand centre de chirurgie pédiatrique ».
Sa successeure témoigne
Après neuf années pleines et réussies au service de chirurgie infantile d’El Eulma – deuxième agglomération de la wilaya de Sétif – Pr. Souhem Touabti rentre au bercail où elle prend les commandes du CCI. Reconnaissante, la chirurgienne a éprouvé un immense plaisir à tarir d’éloges l’ancien patron du CCI : « Prendre le relais du Pr. Zinedine Soualili n’est pas une mince affaire. Je ferai le maximum pour poursuivre et consolider le titanesque travail qu’il a accompli. Je compte sur l’implication de tout un chacun pour atteindre les objectifs tracés et transformer le CCI de Sétif, un pôle national de chirurgie pédiatrique. Je salue l’initiative de L’Est Républicain. En rendant hommage à notre aîné qui mérite un grand jubilé, le journal salue à sa manière les services rendus et les sacrifices consentis par les blouses blanches », révèle en préambule notre interlocutrice. Et d’enchainer : « Exerçant loin des feux de la rampe, Pr. Soualili est un pionnier parmi les pionniers de la chirurgie pédiatrique en Algérie. Le manque d’infrastructures adéquates et de moyens n’ont pas découragé notre aîné, qui avait lancé le CCI du CHU en 1994. Tenace et persévérant, il a pu relever le défi et faire du CCI de Sétif un très important pôle médical et universitaire à l’est algérien. Il a monté cette grande et lourde structure à partir de presque rien. Déterminé mais discret, il a toujours su associer la rigueur scientifique, la probité intellectuelle et la modestie », souligne la nouvelle cheffe du CCI. « Consciencieux, il a, au cours de ses très longues années d’activité au CCI, mis en place des micros spécialités et pas des moindres. Il a créé, le premier et l’unique service en Algérie qui prend en charge les enfants brûlés avec réparation plastique et esthétique. Il a, en outre, créé une unité des brûlés et de chirurgie plastique placée sous la responsabilité du Pr. Nadjar. Ayant donné les plus belles années de sa vie à la chirurgie pédiatrique, Pr. Soualili est le premier à développer la chirurgie coelioscopique et thoracique en Algérie et bien d’autres techniques. Il a également mis en place le premier laboratoire de recherche : chirurgie pédiatrique appliquée en Algérie. Franchement, Pr. Soualili incarne ce chirurgien qui inspire l’admiration et le respect. Révéré et aimé de ses collègues, collaborateurs et élèves, notre aîné s’est énormément investi dans la formation. Il a consacré un temps fou à ses doctorants devenus professeurs. Grand référent, il ne va pas quitter le CCI du sitôt car il est partie prenante dans le projet de transplantation rénale chez l’enfant qu’on fera ensemble. Conscient de l’importance de l’équipe qui l’entoure, il n’a eu de cesse de faire reconnaître la compétence de ses collaborateurs », précise Pr. Souhem Touabti, ayant tenu à rendre un vibrant hommage à son ainé : « Au Pr. Soualili, je voudrais exprimer ma gratitude et reconnaissance. En pré-retraite, notre référent continuera, j’en suis convaincue, à prodiguer ses conseils à ses collègues et élèves qui sauront tirer profit du savoir-faire du pionnier ».
Kamel Beniaiche
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