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Algérie-France : Fortunes et infortunes de la relation bilatérale 

La visite que doit effectuer le président algérien en France se prépare dans une relative sérénité contrariée par des prises de positions françaises qui risquent de tout compromettre. Des deux côtés de la Méditerranée, des hommes et des femmes redoublent d’efforts pour faire aboutir cette visite d’État, qu’Abdelmadjid Tebboune veut historique. Des fonctionnaires, des historiens, des diplomates, mais aussi des politiques étudient les dossiers, chacun dans son domaine de compétence. Le plus compliqué de ces dossiers est celui des restes et crânes de résistants algériens tués par la colonisation et cachés dans les sous-sols du Musée des Sciences de l’Homme à Paris. Il fait actuellement l’objet d’une proposition de loi déposée par le groupe de la France Insoumise (FI) à l’Assemblée nationale française. Le député Carlos Martens Bilongo était venu à Alger, vendredi passé, pour s’enquérir de « l’avancée du dossier ». Dans sa proposition de loi soumise au Parlement français, le député FI (opposition de gauche) a estimé que « subordonner la restitution des crânes à la validation d’une nouvelle commission ad hoc immédiatement après avoir supprimé une commission existante relève de la mauvaise foi pure et simple ». Il a noté qu’un dépôt partiel est déjà intervenu, en dehors de toute intervention de ladite commission. « Comment justifier, dans ce cas, l’intervention même de la commission, notamment aux fins d’identification de tous les crânes, alors qu’un dépôt partiel est intervenu sans que cet obstacle ne soit levé ? » interroge le député. « Ensuite, et surtout, ces crânes sont issus des pires heures du colonialisme de l’État français — au regard de la date approximative de collecte des crânes, sous le régime de la Troisième République —, et ils ont intégré les collections publiques dans des conditions qui relèvent exclusivement de l’infamie et d’une célébration morbide et indécente de la victoire sur un adversaire dont la dignité aura été profanée jusque dans la mort », dénonce Bilongo. Il a rappelé, lors d’une intervention sur la chaîne de télévision officielle Alg24 que le chef de l’État français a promulgué une loi dans ce sens en décembre dernier, qui est venue couvrir le premier lot de crânes restitués en 2021. Paradoxalement, cet effort mémoriel risque de se heurter à une triste réalité : dans sa quête de reprendre des relations « normales » avec le Maroc, le gouvernement français a non seulement adoubé publiquement le plan d’autonomie marocaine au Sahara occidental, mais a aussi fait preuve de zèle, en aidant des sociétés françaises à s’installer dans les territoires sahraouis occupés. C’est ce qu’a confirmé récemment le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, dans une interview accordée à la chaîne France 24. Il a indiqué que son pays était allé « loin » dans sa main tendue au Maroc, à travers « la permission » donnée à ces entreprises françaises « de participer au développement » des territoires pourtant déclarés comme non-autonomes par le droit international. Même la Cour européenne de justice a invalidé plusieurs actions d’investissements de sociétés occidentales au Sahara Occidental. « La France, membre permanent du Conseil de sécurité, doit s’en tenir à une position conforme au droit international et engager ses forces pour que ce droit soit respecté partout », a réagi la présidente de l’association des Amis de la RASD, Régine Villemont, ajoutant que « le Maroc est en effet une puissance devenue coloniale qui depuis près de 50 ans occupe un pays et refuse les règles du droit international et celles de la décolonisation ». L’Algérie n’a pas encore réagi publiquement, mais cet empressement de la France à vouloir à tout prix plaire au Maroc pourra agacer à court terme les autorités algériennes.   

Akli Ouali

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