« L’Algérie s’est lancée dans un projet d’envergure, celui de la production cinématographique et de la réhabilitation du cinéma ainsi que de son histoire dans ce pays. L’Algérie, comme vous le savez, est le seul pays arabe détenteur d’un Oscar. Il fut un temps où elle était une destination de choix pour les stars et les producteurs de cinéma. Je me souviens avoir visionné une vidéo d’archives sur la première édition du Festival du film méditerranéen d’Annaba en 1988… Il était question de plus de 120.000 spectateurs à cette époque. Je souhaite que ce festival soit un point de départ pour revivre ce moment historique », a déclaré le commissaire du Festival du Film Méditerranéen d’Annaba, Mohamed Ali Allal, lors de la conférence de presse qui s’est tenue avant-hier, lundi 15 avril, à l’hôtel Seybouse Annaba. Une rencontre durant laquelle M. Allal, Hana Menasrya, responsable de la communication, et Hassan Kechache, directeur artistique de l’événement, ont présenté le programme de la quatrième édition dudit festival, prévue du 24 au 30 avril. Ces quelques mots prononcés au début de la conférence en disent assez long sur l’événement, sa portée et ses ambitions, et ce, pour la simple raison que les organisateurs ont pris le temps de connaître l’histoire et la symbolique de ce festival. Il faut dire que le trio Hana Menasrya, Mohamed Ali Allal et Hassane Kechache est un modèle d’organisateurs hors du commun. Joignant l’expérience et le savoir-faire à une ambition pragmatique, ils ont mis au point un programme sans précédent dans l’histoire contemporaine, et il faut le dire, mouvementé, de ce festival qui était « à ça » de rejoindre les tiroirs de l’oubli entre 2018 et 2022. Que ce soit pour la diversité des 70 films programmés, représentant 18 pays du bassin Méditerranéen, ou pour les invités et participants de renommée internationale à l’image de Maïwenn, Justine Triet, Duraid Lahham, Nanni Moretti, Safy Boutella, Ayman Zeidan, ou encore la star de La Casa De Papel Itziar Ituño, sans oublier les ateliers et les Master Class adaptés aux besoins et aux demandes du cinéma contemporain, les organisateurs du festival ont pris soin de proposer une édition aux normes internationales, et pour de vrai cette fois-ci.
Un festival du cœur avant tout
Certes, ce n’est pas Cannes, ce n’est pas les Oscars, et ce n’est pas les Awards, mais « le Festival du Film Méditerranéen d’Annaba est un festival du cœur avant toute chose », avait déclaré le cinéaste macédonien Goran Tozja lors de l’édition de relance de l’événement en 2015. C’est justement la première pensée qui nous traverse l’esprit à la découverte de la bande-annonce de cette nouvelle édition. En l’espace d’une minute et neuf secondes, le clip qui dévoile une fraction de la sélection de films du festival vous émeut, vous transporte et vous fait voyager à la rencontre de ce qu’il y a de meilleur en l’humain, tout en vous faisant rêver, juste avant de vous confronter à la douloureuse réalité à laquelle l’humanité s’adonne depuis la nuit des temps, mais non sans une touche d’espoir ici et là, marquant la fin et le début d’un nouveau cycle de l’Odyssée contemporaine d’une humanité qui se cherche encore après plus de 800.000 années d’évolution. Cela fait penser aux paroles du photojournaliste français Henri Cartier-Bresson : « Le cinéma, c’est toujours ce qui vient après, c’est l’image d’après. Moins l’image vue ou projetée sur un écran que celle qui lui succède, prise dans le défilement ». Pour cette édition, l’Italie, son cinéma, son savoir-faire et sa culture sont les invités d’honneur du festival. En effet, « Vers un Avenir Radieux », le tout dernier film du réalisateur italien Nanni Moretti, ouvrira le bal, le 24 avril, en présence du réalisateur et de quelques acteurs du film. Cette projection donnera non seulement le coup d’envoi du festival, mais elle donnera également le ton de l’événement, avec un septième art qui nous rapproche de plus en plus de la réalité que vit le monde et qui nous plonge dans la réflexion sur notre devenir, aussi bien sur le plan individuel que sur le plan humain et humanitaire.
Une sélection pointilleuse
La sélection des films en compétition a été particulièrement ardue. Il a été question d’environ 4.000 propositions venues des quatre coins du monde. 4.000 documentaires, longs-métrages et courts-métrages que le commissaire du festival, Mohamed Ali Allal, et son directeur artistique, Hassan Kechahche, ont visionnés pendant des mois pour composer la sélection de la 4e édition du Festival du Film Méditerranéen d’Annaba. Ainsi, au programme des œuvres en compétition pour la « Gazelle d’Or », nous comptons 15 films de 13 pays, à savoir l’Algérie, l’Italie, la Tunisie, la Syrie, la Palestine, l’Espagne, la Croatie, la Turquie, l’Albanie, la Slovénie, la France, l’Égypte et Malte. Comme indiqué par les organisateurs, la compétition des longs métrages se déroulera au Théâtre Régional d’Annaba « Azzedine Medjoubi ». Le jury de la compétition des longs métrages sera composé de Adila Bendimerad (Algérie), Mostaneh Mohajer (Iran), Justine Barda (États-Unis d’Amérique), Oscar Larussi (Italie) et présidé par Nuri Bilge (Turquie). La compétition des courts-métrages compte quant à elle pas moins de 17 films en provenance de 15 pays, à savoir le Liban, la Croatie, la Tunisie, la Libye, l’Albanie, l’Égypte, la Palestine, la Syrie, l’Algérie, la Grèce, Chypre, la Bosnie, Malte, l’Espagne et la Turquie. Elle se déroulera à la Cinémathèque du Majestic à Annaba. Le jury de la compétition des courts-métrages comptera Roua El Madani (Arabie Saoudite), Noura Nefzi (Tunisie), Yelena Larionova (Ukraine), Joud Said (Syrie) et sera présidé par Rym Takoucht (Algérie). La compétition documentaire compte 15 films de 13 pays, à savoir la Croatie, la Tunisie, la Libye, l’Albanie, l’Égypte, la Palestine, le Liban, la France, la Grèce, l’Italie, la Turquie, la Bosnie et l’Algérie. Elle se déroulera au Théâtre Régional d’Annaba « Azzedine Medjoubi ». Le jury sera composé de Jess Cumming (Canada), Elena Rubashevska (Kazakhstan), Ivan Bolotnikov (Russie), Chergui Kharroubi (Belgique) et présidé par Bahij Hojeij. En parallèle des trois programmes des compétitions pour la Gazelle d’Or, l’Annab d’Or, des projections spéciales en OFF seront au menu, et ce, dans la perspective de faire découvrir aux spectateurs d’autres horizons du 7e art, mais pas que. « La Perle de la Méditerranée » est un programme de projection consacré aux réalisatrices les plus talentueuses du Bassin Méditerranéen, dont certaines font partie des plus primées au monde, comme Maïwenn et l’incontournable Justine Triet. Des films comme Anatomie d’une chute de Justine Triet, Les filles d’Olfa de Kawther Benhania, Jeanne Du Barry de Maïwenn, Iman (Chypre) de Korinna Avraamidou et Kyriakos Tofaridis, et La Chimera d’Alice Rohrwacher seront projetés au Théâtre Régional d’Annaba « Azzedine Medjoubi » et feront l’objet de conférences-débats, en présence des réalisatrices et de certains membres du casting de chaque œuvre.
La Palestine à l’honneur
Augurant d’une forte participation palestinienne dans les trois compétitions du festival, le programme « Viva Palestine », initié par la ministre de la Culture et des Arts, Dr. Soraya Mouloudji, comportera des projections de films palestiniens, ainsi qu’une série de conférences et de rencontres avec des auteurs, acteurs et réalisateurs palestiniens. Il verra la participation, dans le cadre de ces rencontres et conférences, de la réalisatrice Najwa Najjar avec une intervention sur « La puissance narrative du cinéma dans la préservation de l’histoire palestinienne », de l’acteur Kamel Bacha sur « Le rôle des acteurs dans la représentation authentique des réalités palestiniennes », de l’acteur Ali Suliman sur « Le pouvoir de la représentation cinématographique dans la construction de l’identité palestinienne », ainsi que du réalisateur Mohamed El Mughani avec une intervention sur « Défis et opportunités dans la production de films palestiniens ». Pour sa 4e édition, le Festival du Film Méditerranéen d’Annaba offre une tribune à quatre personnalités cinématographiques afin qu’elles partagent leurs expériences dans leurs domaines respectifs lors de différentes masterclasses. Le musicien et compositeur Safy Boutella abordera le rôle de la musique dans le cinéma. L’Algérien établi au Canada Sami Lamouti reviendra sur son expertise dans le domaine des effets spéciaux. uant à la réalisatrice Maiwenn, elle dévoilera les secrets et l’importance de la direction d’acteurs pour la réussite d’un film. Pour sa part, le producteur italien Daniele Urciuolo dévoilera les rouages de la production cinématographique. Et cela ne représente qu’une partie des activités proposées par le programme du festival. Avec une offre aussi riche et variée, il faudrait une série d’articles pour en explorer toutes les facettes.
Soufiane Sadouki
Partager :