Les autorités de la wilaya de Guelma ont dédié la célébration de la Journée du savoir au grand chahid Soudani Boudjemaa, né le 10 février 1922 à Guelma et décédé le 16 avril 1956 près de Koléa, après une rude bataille contre les forces coloniales. Un riche programme a été concocté avant-hier, mardi 16 avril, par les services de la wilaya. Il a débuté par une cérémonie de recueillement au carré des martyrs de la Révolution et la lecture de la « Fatiha » par un imam. La délégation officielle, englobant les autorités civiles et militaires conduites par la wali, Houria Aggoune, s’est rendue à la maison de jeunes Mhamedi Youcef à Guelma, où des groupes d’écoliers et des membres d’associations culturelles et sportives ont séduit le public en présentant un spectacle riche en couleurs. Un documentaire a retracé la vie de ce héros qui a joué un rôle prépondérant dans le mouvement national et la Révolution du 1er novembre. Un professeur universitaire a évoqué le parcours de ce révolutionnaire qui s’est illustré par une vie exemplaire et un sens de l’organisation du combat. Membre de l’Organisation Secrète, Souidani Boudjemaa avait pris part à la fameuse opération de la Grande Poste d’Oran. Il a été membre du groupe historique des « 22 », qui a lancé une lutte armée décisive pour le recouvrement de la souveraineté nationale. Membre de la wilaya IV historique, il avait planifié de nombreuses opérations de commandos et mené plusieurs batailles, infligeant de lourdes pertes aux forces coloniales. Par ailleurs, les participants à un colloque historique consacré à ce martyr à l’occasion du 68ème anniversaire de sa mort, ont mis en exergue avant-hier, lundi 15 avril, à Guelma, l’intelligence de ce héros et son parcours militant contre la colonisation française depuis son jeune âge. Les participants à cette rencontre, initiée par l’association locale du 8 mai 1945 et tenue au technicum Messaoud Chaâlal, ont rappelé le parcours militant du chahid, sa lutte héroïque et les sacrifices consentis pour le recouvrement de la souveraineté de l’Algérie. Marqué par la présence de Wahid Arboudj (53 ans), petit-fils du héros, enfant de Saliha Souidani, sa défunte fille, les intervenants lors du colloque ont notamment rappelé que Souidani Boudjemaa, né le 10 janvier 1922 au centre-ville de Guelma, était membre du groupe des « 22 » qui a été à l’origine du déclenchement de la Révolution, avant de donner sa vie, à l’âge de 34 ans, pour l’indépendance de son pays.
Plusieurs cordes à son arc
Ahmed Achouri, poète et chercheur en histoire, a souligné que Souidani Boudjemaa, qui est né et a grandi dans un quartier européen de Guelma, se distinguait, enfant, par son élégance, son intelligence et ses excellentes performances aussi bien scolaires que sportives, au point de susciter la jalousie de ses pairs européens. Selon le même intervenant, auteur d’un long poème décrivant l’élégance et la vivacité d’esprit du martyr Souidani Boujemaa, a rappelé que ce dernier, bel homme, s’habillait avec élégance malgré sa simplicité. « Il poursuivra ses études jusqu’à l’obtention du baccalauréat avant de devoir les abandonner en raison des circonstances pour opter pour la vie active en travaillant dans une imprimerie ». C’est d’ailleurs durant son parcours professionnel qu’il rencontre certains activistes du mouvement national, selon Achouri. Ce dernier a également indiqué que Souidani Boudjemaa était « fortement imprégné de l’esprit nationaliste du fait de son engagement parmi les Scouts Musulmans Algériens (SMA). De plus, le chahid était alors un excellent footballeur qui a évolué dans les rangs de l’Espérance Sportive de Guelma (ESG), une équipe créée par des militants du mouvement national, au sein de laquelle il occupait le poste d’ailier gauche. Pour sa part, Mohamed Benregtane, écrivain, poète, historien et cadre à la retraite, a mis l’accent sur les différentes phases de la lutte du martyr. Il a souligné, à ce propos, que son parcours a débuté à un âge précoce, quand le chahid avait moins de 21 ans, lorsqu’il a été le meneur d’une manifestation devant la salle de cinéma qui porte aujourd’hui le nom de Ciné An-Nasr, pour dénoncer la politique de discrimination des colonisateurs français qui l’empêchaient d’accéder dans la salle sous prétexte que les entrées étaient réservées, les samedis et dimanches, aux seuls Européens. Selon cet intervenant, la manifestation devant ce cinéma du centre de Guelma a marqué le début d’une lutte « longue et ardue », Souidani Boudjemaa ayant été traduit devant un tribunal militaire qui l’a condamné, une première fois, à trois mois de prison avec sursis, avant de le condamner plus lourdement après son arrestation au moment où il tentait de faire sortir des armes de la caserne militaire. « Devant le juge qui l’interrogeait à la barre, Soudani Boudjemaa dira avec une fierté non dissimulée qu’il voulait utiliser ces armes pour venger les victimes des massacres du 8 mai 1945 », a souligné Benregtane.
Hamid Baali / AG
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