Lorsque le Conseil de Sécurité des Nations Unies a voté, le 25 mars 2024, une première résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat à Ghaza, la majeure partie des observateurs du monde entier étaient convaincus que si l’acte était historique, son application était incertaine. Les Palestiniens et l’ensemble du « Sud global » savaient que le droit international ne s’applique qu’aux faibles et qu’Israël n’était jamais concerné par les règles applicables, en principe, à toutes les nations du monde. On le savait, Israël est le fils gâté de l’Occident. Cette caractéristique, valable pour tous ceux qui ne s’astreignent pas aux règles qui s’appliquent à tous, donne la possibilité à cet enfant terrible de faire à peu près tout ce qu’il veut, de commettre toutes les bêtises du monde, sans que les parents ne le sanctionnent, comme ils le feraient pour un autre enfant. Cela s’applique donc à Tel Aviv. Jugeons-en : Israël a donc refusé de se soumettre à une résolution du Conseil de Sécurité, comme il le fait d’ailleurs depuis plus de 50 ans. Mais il y a pire. Depuis de longues années, cet État imposé par la force des anciens colonisateurs frappe là où il veut, comme il veut et quand il l’entend, sans que personne ne lui demande des comptes. Il viole souvent la souveraineté de la Syrie, de l’Irak et a déjà mené des attaques en Iran et assassiné des scientifiques et des politiques partout dans le monde. La chose est passée comme s’il s’était agi d’une évidence. Pis, même lorsque son armée a détruit, début avril, un consulat iranien à Damas en Syrie, commettant ainsi deux violations du Droit international — en s’attaquant à un bâtiment diplomatique et en violant la souveraineté de la Syrie-la « communauté internationale », plus particulièrement les grands pays occidentaux, a préféré regarder ailleurs. À peine si certains États, comme la France, ont appelé à « la retenue ». Mais cette « retenue » a été vite oubliée lorsque l’Iran a décidé, légitimement, de défendre son honneur. Là, tous ceux qui ont tout passé à Israël se sont mis à dénoncer « l’agression iranienne » et à défendre leur pion dans la région du Proche Orient. Ce « deux poids, deux mesures », qui a réellement commencé avec l’agression contre Ghaza en octobre dernier, avec toutes les violations du droit humanitaire et les crimes abjects que l’armée israélienne commet chaque jour contre des populations civiles innocentes, a une origine. Les Occidentaux et plus particulièrement les Européens, n’arrive toujours pas à oublier une réalité de l’Histoire : les pogroms, l’antisémitisme, la Shoah et les crimes contre les Juifs sont nés chez eux. C’est en Russie tsariste, puis bolchévique, en Pologne, en Ukraine, puis en Allemagne, en Belgique et auparavant dans l’Espagne de la Reconquista et dans d’autres pays du vieux continent que les Juifs étaient persécutés durant des siècles et non dans le monde arabo-musulman ! C’est d’ailleurs à cause de cette persécution que les premiers sionistes ont cherché à trouver un pays d’accueil à leur communauté. Les sionistes ont rêvé et les empires coloniaux, aidés à un moment par l’URSS, ont offert la Palestine comme compensation, face aux souffrances imposées aux Juifs. Aujourd’hui encore, ces « remords de conscience » poussent les Occidentaux à l’aveuglement devant les crimes que commettent les sionistes, représentés aujourd’hui par des juifs messianiques extrêmement fanatisés. Ils veulent ainsi rééditer les Croisades sous une nouvelle forme, plus de trois siècles après les Lumières ! Mais le fanatisme et la violence injustifiée, tout comme toutes les formes d’injustice, ne peuvent que créer des réactions tout autant violentes. Et la spirale de la violence sera difficile à contenir dans ce cas.
Akli Ouali
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